Les victimes du conflit armé n’ont pas à attendre davantage encore qu’on leur apporte la vérité, justice et réparation
Réagissant à la discussion portant sur une proposition de loi au sein de la Commission politique de l’Assemblée législative du Salvador, qui pourrait avoir des répercussions sur l’accès à la justice pour les victimes du conflit armé, Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnistie internationale, a déclaré :
« Les député·e·s du Salvador ne peuvent pas tourner le dos aux victimes des crimes de droit international et des graves violations des droits humains qui ont été commis pendant le conflit armé. Les autorités salvadoriennes sont tenues de déférer à la justice toute personne soupçonnée d’être responsable d’exécutions extrajudiciaires, d’actes de torture et de disparitions forcées perpétrés pendant le conflit armé. Faute de cela, elles risquent de se rendre complices de crimes atroces.
« Si les député·e·s approuvent une nouvelle loi qui accorde une amnistie et assure l’impunité pour les violations des droits humains, au lieu de garantir le droit des victimes à la vérité, à la justice et à réparation, cela reviendra à se moquer de leurs souffrances et à bafouer leurs droits. Il est inacceptable qu’au Salvador, presque 30 ans après la signature des accords de paix, certains essaient encore de permettre aux responsables des crimes commis lors du conflit armé d’échapper à la justice et de rester impunis. »
Complément d'information
Selon la Commission de la vérité pour le Salvador des Nations unies, plus de 75 000 personnes ont été torturées, exécutées de façon extrajudiciaire ou soumises à une disparition forcée pendant le conflit armé interne qui a déchiré le Salvador entre 1980 et 1992.
L’armée salvadorienne est responsable de nombreux massacres commis dans des communautés accusées d’apporter leur soutien à des groupes de guérilla. Les groupes d’opposition armés se sont aussi livrés à des atteintes aux droits humains et à des crimes relevant du droit international.
Cinq jours après la publication des recommandations de la Commission de la vérité, en 1993, les autorités salvadoriennes ont adopté une loi d’amnistie contraire aux obligations du pays au titre du droit international et constituant un affront pour les milliers de victimes d’atteintes aux droits humains et pour leurs proches.
En 2016, la Cour suprême du Salvador a jugé que cette loi d’amnistie était inconstitutionnelle dans un arrêt historique longtemps attendu.