Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies prend une mesure importante pour remédier à la crise des droits humains
En réaction à la résolution adoptée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies le 21 mars 2019 en vue de mettre en place une procédure de suivi et de compte-rendu de la crise des droits humains que traverse le Nicaragua, Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques Amnistie internationale, a déclaré:
« En mettant sur pied un système de suivi et de compte-rendu de la situation des droits humains au Nicaragua, le Conseil des droits de l’homme se refuse à accepter l’impunité pour les crimes de droit international et les graves violations des droits humains, dont des exécutions extrajudiciaires et des actes de torture. Cette première mesure essentielle pour aller vers la justice adresse un message crucial de soutien aux victimes de violations des droits humains : la communauté internationale ne vous oubliera pas.
« Nous attendons du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies qu’il rende compte avec rigueur de la crise actuelle des droits humains et engageons le gouvernement du Nicaragua à coopérer pleinement avec le Haut-Commissariat afin de parvenir à une solution qui garantisse les droits des victimes à la justice, à la vérité et à des réparations. »
Complément d’information
Le 18 avril 2018, une série de réformes du système de sécurité sociale a déclenché un mouvement social de grande ampleur au Nicaragua. En réaction à ces manifestations, le gouvernement nicaraguayen a adopté une stratégie de répression violente. Au moins 325 personnes ont été tuées, principalement par les forces de sécurité de l’État et des groupes armés pro-gouvernementaux, plus de 2 000 blessées, des centaines arrêtées de manière arbitraire et des dizaines de milliers ont fui vers le Costa Rica.
Amnistie internationale et d’autres organisations internationales ont recensé des cas de graves violations des droits humains et de crimes relevant du droit international, notamment des actes de torture et des exécutions extrajudiciaires perpétrés par des groupes armés pro-gouvernementaux et des membres de la police nationale du Nicaragua.
Cependant, au lieu d’appliquer la loi pour défendre les victimes de violations des droits humains, les autorités s’en servent comme d’un autre outil pour criminaliser le mouvement de contestation sociale. Face aux critiques, elles ont décidé d’expulser du pays le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, le Groupe interdisciplinaire d'experts indépendants (GIEI) et le Mécanisme spécial de suivi pour le Nicaragua (MESENI).
La situation des droits humains au Nicaragua ne cesse de se dégrader un peu plus chaque jour. Des informations continuent de faire état de détentions arbitraires et d’actes de torture infligés aux personnes privées de leur liberté. En outre, les organisations de la société civile dont l’enregistrement a été révoqué par le gouvernement ne peuvent toujours pas travailler librement dans le pays et les journalistes et les défenseurs des droits humains sont toujours harcelés.