Les autorités doivent protéger les manifestants contre les attaques violentes des partisans du gouvernement
En réaction aux attaques menées par des membres de groupes non étatiques dans la nuit des 24 et 25 novembre contre les manifestants pacifiques dans la capitale Beyrouth et dans la ville de Sour, dans le sud du pays, Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnistie internationale, a déclaré :
« Les images d’hommes brandissant des drapeaux de deux des partis politiques au gouvernement, le Hezbollah et le mouvement Amal, armés de barres de fer, de couteaux et de pierres, chassant et frappant les manifestants dans les ruelles, mettant le feu aux tentes et détruisant des biens privés au cours des deux derniers jours, sont extrêmement préoccupantes et requièrent une action déterminée et immédiate des autorités.
« Ce n’est pas la première fois que les sympathisants de ces deux partis attaquent un site de contestation. Depuis le début des manifestations, Amnistie internationale a recensé d’autres violences similaires à Nabatieh, Sour et Beyrouth. Dans certains cas, les manifestants ont été attaqués par des assaillants armés. À notre connaissance, personne n’a été arrêté et personne n’a eu à rendre des comptes pour de tels actes.
« Cependant, les attaques de toute évidence coordonnées des deux derniers jours pourraient bien annoncer une dangereuse escalade. Les autorités doivent agir sans attendre pour protéger les manifestants et faire respecter le droit de se réunir pacifiquement. Elles doivent notamment traduire en justice les auteurs présumés d’atteintes aux droits humains, comme ces attaques violentes. L’armée et les forces de sécurité ont le devoir de faire en sorte que le droit de manifester pacifiquement soit respecté et de protéger tous les citoyens contre les attaques violentes de manifestants rivaux et d’individus armés. »
Complément d’information
Ces deux dernières nuits, les 24 et 25 novembre, des groupes d’hommes circulant à moto et portant des drapeaux du Hezbollah et d’Amal ont paradé sur les grands axes de la capitale Beyrouth et de la ville de Sour, scandant des insultes anti-manifestations et notamment des incitations à la violence contre les manifestants. Ils ont investi en groupes la place des Martyrs à Beyrouth et la place Alam à Sour, où les manifestants se rassemblent depuis un mois. Le 24 novembre, les assaillants ont lancé des pierres et utilisé des couteaux contre les manifestants rassemblés sur le pont du « Ring » à Beyrouth. L’armée a répondu à coups de grenades lacrymogènes pour disperser les assaillants et les manifestants, et a formé un bouclier de sécurité pour séparer les deux groupes.
Les assaillants ont alors continué de pourchasser les manifestants qui s’enfuyaient dans les rues voisines, détruisant des voitures et des devantures sur leur passage, avant de détruire, pour la deuxième fois en moins d’un mois, les tentes des manifestants place des Martyrs. La défense civile a signalé 10 blessés parmi les manifestants. La nuit suivante, les convois de motos ont attaqué la place Alam à Sour et détruit et incendié plusieurs tentes, tandis que d’autres convois paradaient massivement dans Beyrouth et devant les sites de contestation.