Contention et alimentation forcée d’un demandeur d’asile malade
En réaction à l’information selon laquelle un demandeur d’asile soigné pour une affection grave dans un hôpital de Port Moresby (Papouasie-Nouvelle-Guinée) est contenu depuis trois jours et alimenté de force par le personnel, après avoir observé une grève de la faim pendant 20 jours, Kate Schuetze, spécialiste du Pacifique à Amnistie internationale, a déclaré :
« Prodiguer des soins de force et alimenter un patient sans son consentement peut constituer, sauf nécessité médicale, une violation du droit à la santé et du droit d’être protégé de la torture et de toute autre forme de traitement cruel, inhumain et dégradant. L’homme concerné a entamé une grève de la faim pour protester contre la mauvaise qualité des soins qu’il reçoit en Papouasie-Nouvelle-Guinée et souligner qu’il a besoin d’une prise en charge plus lourde, qui ne peut être effectuée dans le pays.
« Il faut que la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l’Australie prennent en compte les préoccupations fondamentales soulevées par ce demandeur d’asile et le transfèrent dans un hôpital australien où il puisse bénéficier du traitement dont il a besoin de toute urgence. »
Complément d’information
Ce demandeur d’asile se trouve actuellement à l’hôpital Pacific International de Port Moresby (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et il est soumis à une décision de justice qui autorise son alimentation forcée et le traitement qu’il reçoit actuellement. Il affirme avoir été giflé par des membres du personnel qui tentaient de l’alimenter de force.
Il a déjà été envoyé en Australie pour raisons médicales avant d’être ramené sur l’île de Manus. Bien que des professionnels de la santé l’aient informé que sa pathologie ne pouvait pas être traitée en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les autorités australiennes refusent de le transférer sur leur territoire. Il se trouve à l’hôpital Pacific International depuis un peu plus d’un mois.
Quelque 800 réfugiés et demandeurs d’asile sont détenus par l’État australien sur l’île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) depuis près de quatre ans et demi, dans des conditions restrictives qui sont cruelles et dégradantes.
Un peu plus d’une centaine de réfugiés et de demandeurs d’asile ont été conduits à Port Moresby pour y recevoir des soins en 2017 et certains d’entre eux y sont depuis presque un an. En novembre 2017, des délégués d’Amnistie internationale se sont entretenus à Port Moresby avec plus d’une trentaine de réfugiés, dont beaucoup ont déclaré attendre des soins depuis des mois ou s’être entendu dire que leur pathologie ne pouvait pas être traitée en Papouasie-Nouvelle-Guinée faute d’un système de santé performant, notamment de matériel et de spécialistes.
Les demandeurs d’asile qui se trouvent en Papouasie-Nouvelle-Guinée ont initialement sollicité l’asile à l’Australie mais n’ont pas été autorisés à présenter leur demande de manière équitable ou à interjeter appel, même s’ils ont fait l’objet d’une première évaluation négative de la part des services de l’immigration de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Plus de 800 réfugiés et demandeurs d’asile sont piégés en Papouasie-Nouvelle-Guinée du fait de la politique cruelle de l’Australie qui consiste à délocaliser le traitement des demandes d’asile.