Le rapport de l'ONU s'ajoute aux nombreux éléments attestant des atrocités commises contre les minorités ethniques au Myanmar
Le rapport explosif publié le 27 août par la Mission d'établissement des faits des Nations unies sur le Myanmar apporte des preuves accablantes pointant les crimes commis par les forces de sécurité birmanes contre les Rohingyas et les minorités ethniques dans le nord du Myanmar, a déclaré Amnistie internationale.
La Mission d'établissement des faits des Nations unies sur le Myanmar, composée d'experts indépendants nommés par le Conseil des droits de l'homme, a rendu publiques ses conclusions et recommandations à Genève le 27 août. Un rapport encore plus détaillé doit suivre dans les prochaines semaines.
« Ce rapport, qui s'ajoute à la montagne de preuves attestant de crimes de droit international commis par l'armée, met en lumière la nécessité de mener une enquête pénale indépendante et montre clairement que les autorités du Myanmar sont incapables de traduire en justice les responsables, a déclaré Tirana Hassan, directrice Réaction aux crises à Amnistie internationale.
« La communauté internationale a le devoir d'agir en vue de rendre justice et de garantir l'obligation de rendre des comptes. Ne pas le faire revient à adresser un message dangereux, à savoir que l'armée du Myanmar peut agir en toute impunité et se livrer à de nouvelles atrocités.
« Le Conseil de sécurité des Nations unies doit de toute urgence saisir la Cour pénale internationale de la situation au Myanmar. Dans l'intervalle, il faut établir un mécanisme via l'ONU chargé de recueillir et préserver les éléments de preuve pour qu'ils puissent être utilisés lors de futures procédures pénales. »
Complément d’information
Un an après que l'armée birmane s'est livrée à une campagne de nettoyage ethnique contre les Rohingyas dans le nord de l'État d'Arakan, Amnistie internationale dénonce l'incapacité de la communauté internationale à amener les responsables présumés à rendre des comptes.
Plus de 700 000 femmes, hommes et enfants rohingyas ont été contraints de fuir le nord de l’État d'Arakan pour gagner le Bangladesh voisin, après que les forces de sécurité du Myanmar ont lancé une offensive systématique contre des centaines de villages rohingyas le 25 août 2017, en réaction à une série d’attaques menées contre des postes de sécurité par l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA), un groupe armé rohingya.
Amnistie internationale a amplement rendu compte de la campagne de nettoyage ethnique menée par l'armée, notamment les incendies ciblés dans les villages rohingyas, l'utilisation de mines terrestres et les crimes contre l'humanité, dont les homicides, les viols, la torture, les tactiques destinées à affamer et les expulsions forcées, ainsi que d'autres graves violations des droits humains infligées aux Rohingyas.
En outre, elle a recueilli des informations sur les crimes de guerre et les violations des droits humains commises par l'armée du Myanmar contre les minorités ethniques dans l'État kachin et le nord de l'État chan, notamment les exécutions extrajudiciaires, la torture, le travail, l'utilisation des mines terrestres et les bombardements menés sans discrimination. Les violations graves contre les civils perdurent dans le nord du Myanmar, dans le cadre des conflits armés qui continuent de faire rage.