Aung San Suu Kyi défend la condamnation des journalistes de Reuters
En réaction aux commentaires de la conseillère d'État du Myanmar, Aung San Suu Kyi, lors du Forum économique mondial à Hanoï le 13 septembre, qui a défendu la condamnation des journalistes de Reuters Wa Lone et Kyaw Soe Oo, le directeur général des opérations mondiales au sein d’Amnistie internationale, Minar Pimple, a déclaré :
« Il s'agit d'une tentative honteuse d'Aung San Suu Kyi de défendre l'indéfendable. Dire que cette affaire n'a " rien à voir avec la liberté d'expression " et que Wa Lone et Kyaw Soe Oo " n'ont pas été emprisonnés parce que ce sont des journalistes ", est une présentation déformée des faits.
« Ces deux hommes ont été déclarés coupables au titre d'une loi draconienne datant de l'ère coloniale, délibérément détournée dans le but de bloquer leurs investigations sur les atrocités commises dans l'État d'Arakan. Du début à la fin, cette affaire se résume à une atteinte flagrante à la liberté d'expression et au journalisme indépendant au Myanmar.
« Faire valoir que la loi a été suivie à la lettre, c'est ignorer obstinément toutes les défaillances pourtant évidentes. Et cela ne manque pas de rappeler de manière sinistre la ligne adoptée par les généraux de l'armée lorsqu'Aung San Suu Kyi était elle-même enfermée. La condamnation internationale qui attend Aung San Suu Kyi est pleinement méritée, elle devrait avoir honte. »
Complément d’information
Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont été arrêtés à Yangon, la principale ville du Myanmar, le 12 décembre 2017. Les deux journalistes effectuaient alors un reportage sur les opérations militaires dans le nord de l’État d’Arakan. Ces opérations ont été marquées par des crimes contre l'humanité ciblant la population des Rohingyas, notamment des expulsions, des homicides, des viols, des actes de torture et l'incendie de maisons et de villages.
Les deux journalistes ont été détenus au secret pendant deux semaines avant d'être transférés à la prison d'Insein, à Yangon. Ils ont été reconnus coupables le 3 septembre 2018 au titre de la Loi relative aux secrets d'État, l’une des lois répressives du Myanmar, et condamnés à sept ans de prison chacun.