Gaza. Craintes de nouvelles effusions de sang à la suite de l’adoption d’une politique de « tolérance zéro » par Israël
À l’approche des rassemblements prévus à Gaza vendredi 19 octobre, l’annonce par les autorités israéliennes d’une politique de « tolérance zéro » à l’égard des manifestations le long de la frontière entre ce territoire et Israël laisse craindre que le nombre de victimes n’augmente encore, a déclaré Amnistie internationale.
L’organisation appelle le gouvernement israélien à contenir ses forces armées, qui emploient systématiquement une force injustifiée ou excessive lors des manifestations hebdomadaires de la « Grande marche du retour » à Gaza.
« Au vu de l’horrible habitude qu’a l’armée israélienne de recourir à une force meurtrière contre des manifestants palestiniens, des journalistes, des secouristes et d’autres personnes à Gaza, l’annonce d’une politique de “tolérance zéro” est extrêmement inquiétante », a déclaré Saleh Higazi, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnistie internationale.
Ce que signifie exactement la politique de « tolérance zéro » n’a pas encore été révélé, mais on peut craindre qu’elle ne fasse de nouvelles victimes parmi les Palestiniens le long de la frontière entre Gaza et Israël.
« Cette politique risque fort d’autoriser encore davantage le recours à la force meurtrière contre des protestataires non armés lors des manifestations de ce vendredi et de donner carte blanche à l’armée israélienne pour multiplier les homicides illégaux qui alourdissent le bilan. Israël a employé à maintes reprises la force meurtrière de façon injustifiée et excessive contre des manifestants non armés, en violation éhontée du droit international,” said Saleh Higazi.
Des manifestants doivent se rassembler aujourd’hui pour la « Grande marche du retour », organisée chaque vendredi depuis le 30 mars pour demander la levée du blocus de Gaza en vigueur depuis 11 ans et le retour des réfugiés palestiniens dans leurs villes et villages.
Depuis le début de ces manifestations hebdomadaires, plus de 150 Palestiniens ont été tués, donc plus de 30 enfants, et des milliers d’autres ont été blessés.
La nouvelle politique du gouvernement israélien a été annoncée jeudi 18 octobre, après que le comité ministériel chargé de la sécurité s’est réuni à Jérusalem pour discuter de sa réponse à une roquette tirée depuis Gaza qui a touché et endommagé une habitation à Beersheba, dans le sud d’Israël. Amnistie internationale a toujours condamné les attaques des groupes armés palestiniens visant des civils et des biens de caractère civil. Selon les informations diffusées dans les médias israéliens, les manifestants palestiniens devront rester plus loin de la clôture frontalière, sans quoi les soldats ouvriront le feu. Les autorités israéliennes ont également fait savoir que les ballons et cerfs-volants incendiaires lancés de Gaza entraîneront l’usage d’une force supérieure.
Le ministre israélien du Logement et ancien commandant de la région militaire sud d’Israël, Yoav Gallant, aurait déclaré devant la presse : « les règles du jeu sont sur le point de changer », en faisant comprendre qu’Israël allait intensifier sa réponse aux groupes armés dans la bande de Gaza, ce qui laisse craindre une action militaire de grande envergure.
« Les trois conflits armés entre Israël et le Hamas ont eu des conséquences catastrophiques pour la population de Gaza, qui continue de souffrir après 11 années de blocus brutal, a déclaré Saleh Higazi.
« Il est temps que la communauté internationale fasse preuve de “tolérance zéro” face au mépris flagrant d’Israël pour les vies palestiniennes et pour ses obligations au regard du droit international. »
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