Le Conseil des droits de l’homme doit exiger des réponses de la Chine sur les camps d’internement en masse au Xinjiang
Le bilan du pays sur le plan des droits humains va être examiné par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies
Le gouvernement chinois doit dire la vérité sur l’internement de près d’un million de personnes, majoritairement musulmanes, dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang lors de l’examen de la situation des droits humains en Chine par le Conseil des droits de l’homme mardi 6 novembre, a déclaré Amnistie internationale.
Face aux éléments de plus en plus nombreux montrant qu’une campagne d’internement en masse, de sanctions arbitraires et de torture se déroule en Chine depuis début 2017, le gouvernement chinois a finalement admis l’existence des camps en octobre, mais en affirmant qu’il s’agissait de « centres de formation professionnelle ».
« Le Conseil des droits de l’homme doit faire clairement comprendre aux autorités chinoises que leur campagne de répression systématique dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, consistant notamment à détenir arbitrairement près d’un million de personnes, doit cesser, a déclaré Patrick Poon, chercheur sur la Chine à Amnistie internationale.
« Il contribuerait ainsi à la prise en compte de l’attente de centaines de milliers de familles terrassées par cette répression visant les minorités ethniques. »
Lors du dernier examen de la situation des droits humains en Chine, en 2013, le gouvernement avait assuré que les experts indépendants des droits humains des Nations unies pourraient visiter la région autonome ouïghoure du Xinjiang, mais aucun n’a depuis été autorisé à s’y rendre.
Les autorités chinoises ont nié systématiquement l’existence des camps jusqu’au 16 octobre, date à laquelle le gouverneur de la région autonome ouïghoure du Xinjiang les a présentés comme des « centres de formation professionnelle » lors d’une interview accordée à des médias d’État chinois. De plus en plus d’éléments crédibles – dont des images transmises par satellite et des dizaines de témoignages de familles de « disparus » et de personnes ayant été détenues – laissent penser que des violations des droits humains sont perpétrées à grande échelle au sein de ces camps.
« La récente propagande des autorités chinoises ne devrait duper personne. Les camps d’internement sont des lieux où la torture et les autres formes de mauvais traitements sont monnaie courante. Les États doivent demander la vérité à la Chine lors de l’examen du Conseil des droits de l’homme mardi », a déclaré Patrick Poon.
Depuis un an, les autorités chinoises mènent une campagne de plus en plus intense d’internements en masse, de surveillance intrusive, d’endoctrinement politique et d’assimilation culturelle forcée à l’encontre des Ouïghours, des Kazakhs et des autres groupes ethniques majoritairement musulmans. La plupart des familles de personnes détenues ne sont pas informées du sort réservé à leurs proches et ont souvent trop peur pour protester.
La politique d’internement des membres de minorités ethniques majoritairement musulmanes dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang s’est intensifiée depuis mars 2017 et l’adoption d’un « règlement relatif à la lutte contre l’extrémisme » par le gouvernement régional. Aux termes de ce texte, les démonstrations publiques ou même privées d’appartenance religieuse et culturelle, parmi lesquelles les barbes « anormales », le port d’un voile ou d’un foulard, les prières régulières, le jeûne, le fait de s’abstenir de boire de l’alcool, ou encore la possession de livres ou d’articles relatifs à l’islam ou à la culture ouïghoure, peuvent être considérées comme « extrémistes ».
Les voyages à l’étranger pour le travail ou les études, en particulier dans des pays à majorité musulmane, ainsi que les contacts avec des personnes situées en dehors de la Chine, constituent également des motifs de suspicion.
Complément d’information
Le processus par lequel le Conseil des droits de l’homme évalue le respect par chacun des États membres des Nations unies de ses obligations et de ses engagements en matière de droits humains est appelé Examen périodique universel (EPU). Les groupes et les organisations de la société civile jouent un rôle clé dans le cadre de l’EPU, en fournissant des informations sur la situation des droits humains dans les pays examinés et en préconisant des mesures pour surmonter certaines difficultés. La communication présentée par Amnistie internationale pour l’EPU de la Chine peut être consultée ici.