Syrie. Le président Ahmed al Charaa doit publier l’intégralité de l’enquête sur les homicides de civil·e·s

Avant la présentation au président Ahmed al Charaa des conclusions de la commission d’établissement des faits créée le 9 mars 2025 pour enquêter sur les homicides de civil·e·s commis sur la côte nord-ouest de la Syrie, Kristine Beckerle, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnistie internationale, a déclaré :
« Le président doit s’engager à publier l’intégralité des conclusions de l’enquête de la commission d’établissement des faits sur les massacres visant des civil·e·s alaouites dans les zones côtières et veiller à ce que les responsables présumés soient traduits en justice. Les victimes et le public ont le droit d’être informés de la méthodologie utilisée dans ce processus et des conclusions de la commission.
« Les personnes ayant survécu aux massacres et les familles des personnes tuées ont le droit de savoir ce qui s’est passé, qui est responsable et quelles mesures concrètes prendront les autorités pour leur rendre justice. Seules des enquêtes indépendantes et impartiales peuvent aboutir à des procès fiables et équitables. Le président doit en outre veiller à ce que des réparations complètes et effectives soient accordées aux victimes et à leurs familles.
« À la suite des massacres, il a promis d’amener les auteurs à rendre des comptes “en toute équité et sans indulgence”. Le moment est venu de tenir cette promesse et de prouver au peuple syrien que les autorités ont la volonté d’éviter que des communautés soient attaquées en raison de leur religion ou de leur affiliation politique et de traduire en justice les personnes ayant commis des homicides ciblés. Garantir vérité, justice et réparation pour les exactions commises contre des communautés alaouites et d’autres minorités est essentiel pour mettre fin à l’impunité et empêcher d’autres atteintes aux droits humains. »
Complément d’information
Le 6 mars 2025, des groupes armés affiliés à l’ancien gouvernement de Bachar el Assad ont lancé plusieurs attaques coordonnées contre des sites des forces de sécurité et de l’armée dans les gouvernorats côtiers de Lattaquié et de Tartous. En réponse, les ministères de la Défense et de l’Intérieur, soutenus par des milices, ont lancé une contre-offensive, ce qui a entraîné une grave intensification des violences.
En avril 2025, Amnistie internationale a appelé les autorités à enquêter sur le massacre de centaines de civil·e·s sur la côte nord-ouest de la Syrie, constitutif de crimes de guerre. Des milices affiliées au gouvernement ont tué plus de 100 personnes dans la ville côtière de Banias les 8 et 9 mars 2025. L’organisation a enquêté sur 32 des homicides et a conclu qu’ils étaient délibérés, illégaux et qu’ils visaient spécifiquement la minorité religieuse alaouite.
En juin 2025, Reuters a indiqué qu’environ 1 500 alaouites avaient été tués, dans 40 lieux différents, au cours de ces violences.