Trois mois après la mort de Marielle Franco, le parquet n’a toujours pas fait le nécessaire pour que justice puisse être rendue
Le parquet brésilien doit faire appel à des enquêteurs spécialisés pour résoudre l'affaire du meurtre de la défenseure des droits humains Marielle Franco et de son chauffeur, Anderson Gomes, afin que les responsables puissent un jour être déférés à la justice, a déclaré Amnistie internationale le 13 juin.
« Trois mois se sont écoulés depuis la brutale disparition de Marielle, et nous sommes encore loin de savoir qui l'a tuée, et pour quelles raisons. Cette absence de justice est insupportable pour tous ceux qui l'aimaient et qui ont travaillé avec elle, et pour les défenseurs des droits humains qui sont devenus méfiants et qui ont peur, a déclaré Jurema Werneck, directrice exécutive d'Amnistie internationale Brésil.
« Les autorités doivent redoubler d'efforts pour résoudre ce meurtre odieux. Pour commencer, le service du procureur doit exercer un contrôle renforcé sur l'enquête de police en mobilisant des membres des équipes spéciales chargées de la sécurité publique et du crime organisé. »
Depuis l'assassinat de Marielle et d'Anderson dans le quartier d'Estácio, à Rio de Janeiro, le 14 mars, il y a trois mois, les autorités n'ont rendu publics que très peu de détails en raison du grand retentissement de cette affaire.
Cependant, la presse a indiqué que les caméras de surveillance situées à proximité du lieu du crime avaient été désactivées peu avant les coups de feu. Les médias ont aussi indiqué que la personne qui a appuyé sur la gâchette avait reçu une formation au maniement de l'arme du crime, un pistolet-mitrailleur, qui pourrait provenir d'un arsenal appartenant à la police civile. Les médias ont aussi précisé que les munitions utilisées ont été détournées et proviennent d'un lot commandé par la police fédérale brésilienne.
« Les autorités ont indiqué qu'elles enquêtent sur ces allégations, et c'est bien le moins qu'elles puissent faire. Elles doivent faire davantage et veiller à ce que tous les éléments de cette affaire fassent l'objet d'une enquête exhaustive et impartiale conforme aux normes internationales les plus exigeantes, a déclaré Jurema Werneck.
« Marielle a consacré sa vie au combat pour les droits des personnes les plus marginalisées, au nombre desquelles figurent les jeunes noirs vivant sans les favelas, les femmes et les personnes LGBTI. En dénonçant publiquement les violations de ces droits, commises notamment par des policiers, elle a joué un rôle essentiel pour le respect de l'état de droit. Le fait qu'on l'ait réduite au silence fait peser une grave menace sur les personnes qui dénoncent haut et fort les injustices. Ce crime ne doit pas rester impuni. »
Amnistie internationale appelle une nouvelle fois les autorités à révéler l'identité non seulement de ceux qui ont tiré les coups de feu, mais aussi de ceux qui ont commandité et organisé ces meurtres.
Complément d’information
Marielle a été élue au conseil municipal de la ville de Rio de Janeiro en 2016, se classant au cinquième rang en termes de nombre total de voix obtenues au niveau de la municipalité, et elle s'est fait connaître en défendant les droits humains. Quelques jours seulement avant son assassinat, elle avait été nommée rapporteuse d'une commission chargée de surveiller l'intervention des services fédéraux dans le domaine de la sécurité publique à Rio de Janeiro.
Marielle et son chauffeur, Anderson Gomes, ont été tués alors qu'ils revenaient en voiture d'un débat public, dans la soirée du 14 mars. Au moins 13 coups de feu ont été tirés, et quatre ont touché Marielle à la tête ; il s'agit manifestement d'un assassinat soigneusement préparé.