• 4 Sep 2025
  • Malawi
  • Communiqué de presse

Malawi. Les élections offrent l’occasion de mettre un terme aux violations des droits humains

Les candidat·e·s à la présidence et au Parlement du Malawi doivent garantir la promotion et la protection des droits humains avant, pendant et après les scrutins, a déclaré Amnistie internationale le 4 septembre 2025, à l'approche des élections générales qui se tiendront le 16 septembre dans le pays.

L'organisation a publié un manifeste pour les droits humains avant les élections, dans lequel elle énonce ce qu'elle considère comme les huit priorités essentielles en matière de droits pour la prochaine présidence et le prochain Parlement. Il s'agit notamment du droit à l'alimentation, des droits des femmes, des droits à la liberté d'association et d'expression, et des droits des personnes en situation de handicap, notamment atteintes d'albinisme.

« Dans un premier temps, le nouveau gouvernement doit réexaminer et réformer les lois qui restreignent les droits à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association, afin de garantir la réalisation effective des droits humains », a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique australe et de l’Est à Amnistie internationale.

Au cours de son premier mandat, le gouvernement actuel avait promis de « balayer les vestiges de l'impunité », de mettre en œuvre la Loi sur l’accès à l’information et d'autres lois protégeant les droits fondamentaux, et de garantir la transparence et l’obligation de rendre des comptes au sein du gouvernement. Il n’a tenu aucune de ces promesses.

« Le premier mandat du président Lazarus Chakwera n’a pas été à la hauteur en matière de droits humains, marqué par des promesses non tenues concernant l'économie et le niveau de vie, l'impunité et l'espace civique », a déclaré Tigere Chagutah.

Autres sujets prioritaires, il s’agit d’abolir la peine de mort, de garantir le droit à l'accès à l'information, de mieux protéger les personnes réfugiées et migrantes ainsi que les personnes LGBTI, et de fournir des services de santé sexuelle et reproductive.

Pendant la période électorale, le gouvernement doit assurer un environnement sûr et propice afin que les organisations et les acteurs de la société civile puissent mener librement leurs activités et que les citoyen·ne·s puissent exercer pleinement et efficacement leurs droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique.

Protéger la liberté d’expression et de réunion pacifique

Alors que le pouvoir s’était engagé à ce que la société civile puisse faire librement son travail et à ce que le Malawi « maintienne une culture de protestation vigoureuse », le projet de loi draconien sur les ONG –qui restreint la liberté d'association des organisations de la société civile – est entré en vigueur en mai 2022. Parallèlement, le gouvernement continue d'invoquer la Loi de 2016 sur les transactions électroniques et la cybersécurité pour réprimer la dissidence pacifique et harceler les journalistes.

L'accès à l'information demeure difficile malgré la promesse faite par le gouvernement actuel de mettre en œuvre la Loi sur l'accès à l'information. Le Parlement du Malawi a adopté ce texte en 2017 et il est entré en vigueur en 2020 ; il confère aux citoyen·ne·s le droit légal d'accéder aux informations détenues par les organismes publics et certaines entités privées exerçant des fonctions publiques.

« Il ne fait aucun doute que ces lois répressives accélèrent le rétrécissement de l'espace civique au Malawi. Les nouveaux dirigeants doivent rompre avec le passé et endiguer la dégradation de la situation des droits humains dans le pays », a déclaré Tigere Chagutah.

Par ailleurs, Amnistie internationale invite le nouveau gouvernement à appliquer pleinement la loi afin de garantir l'accès à l'information, ainsi que la transparence et l’obligation de rendre des comptes au sein du gouvernement.

Protéger les femmes, les personnes LGBTI et les personnes en situation de handicap

Atuellement, les lois ne protègent pas suffisamment les femmes ni les personnes en situation de handicap, réfugiées et migrantes, et LGBTI. L'État faillit à son devoir de protection envers les femmes, car les lacunes dans l’application des lois et des politiques en vigueur continuent d'exposer les femmes et les filles aux violences domestiques et sexuelles, à des pratiques préjudiciables et à d'autres formes de violences fondées sur le genre.

Amnistie internationale demande l'abrogation des lois anti-LGBTI qui criminalisent les relations sexuelles consenties entre adultes de même sexe.

« Au lieu de s'en prendre à des groupes marginalisés au moyen de lois et de pratiques répressives, les nouveaux élu·e·s doivent donner la priorité à la protection et au respect de leurs droits, en garantissant l'égalité, la dignité et l'inclusion de toutes et tous, a déclaré Tigere Chagutah.

« Non exhaustives, les recommandations énoncées dans le manifeste pour les droits humains fournissent toutefois au nouveau gouvernement une feuille de route en vue de faire progresser les droits en tant que fondement d'un véritable changement et d’améliorer la qualité de vie de tous au Malawi. »

Complément d’information

Les élections générales auront lieu au Malawi le 16 septembre 2025 en vue d'élire le président ou la présidente, les membres de l'Assemblée nationale et les conseillers·ères au niveau du gouvernement local.

Amnistie internationale publie fréquemment un programme en matière de droits humains à l'intention des candidats aux élections afin de mettre en évidence les domaines qu’elle estime absolument prioritaires pour le nouveau gouvernement une fois élu.