• 18 déc 2025
  • Israël et territoire palestinien occupé
  • Communiqué de presse

Israël et territoire palestinien occupé. Les États ne doivent pas aider le Holger G à livrer des explosifs à Israël

Les États doivent empêcher le navire Holger G, battant pavillon portugais, qui transporte des composants de munitions à destination d’Israël, d’accoster dans leurs ports, compte tenu du risque manifeste que cette cargaison contribue au génocide actuellement perpétré dans la bande de Gaza occupée, ainsi qu’à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité contre des Palestiniens et Palestiniennes, a déclaré Amnistie internationale.

D’après des informations initialement révélées par The Ditch, le navire appartenant à une entreprise allemande transporte 440 tonnes de composants d’obus de mortier, de projectiles et d’acier de qualité militaire destinés à de grands prestataires israéliens du domaine de la défense fournissant d’énormes quantités d’armes à l’armée israélienne. Amnistie internationale a ensuite confirmé que le navire transportait des alliages métalliques utilisés pour les obus d’artillerie, et probablement des sous-systèmes et composants utilisables pour des missiles et des roquettes.

Le Holger G est parti d’Inde le 16 novembre. La cargaison a pour destination Haïfa, où elle sera livrée au plus grand fabricant d’armes d’Israël, Elbit Systems, ainsi qu’à sa filiale IMI Systems.

« Les centaines de tonnes de cargaison meurtrière à bord du Holger G ne doivent pas atteindre Israël. Il existe un risque clair que cette cargaison colossale contribue à la commission du génocide et d’autres crimes de droit international contre des Palestiniens et Palestiniennes », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice générale de la Recherche, du Plaidoyer à Amnistie internationale.

« Israël continue son génocide contre la population palestinienne dans la bande de Gaza, tout en maintenant son occupation illégale de l’ensemble du territoire palestinien occupé et en imposant son système d’apartheid contre tous les Palestiniens et Palestiniennes, dont il contrôle les droits, et en se rendant responsable d’autres graves violations du droit international. Les États qui maintiennent des relations normales avec Israël risquent de se rendre complices de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. »

Les États qui permettent le transfert d’armes vers Israël agissent en violation de leurs obligations au titre de l’article 1 commun aux Conventions de Genève et de l’article 6 du Traité sur le commerce des armes et doivent prendre de toute urgence des mesures pour empêcher tous ces transferts. Ils manquent également à leur obligation de « prendre des mesures pour empêcher les échanges commerciaux ou les investissements qui aident au maintien de la situation illicite créée par Israël dans le Territoire palestinien occupé », énoncée dans l’avis consultatif de juillet 2024 de la Cour internationale de justice.

Les entreprises fabriquant, exportant et livrant des armes ont également des obligations au titre du droit international humanitaire, ainsi que la responsabilité de respecter les droits humains, comme prévu par les Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme des Nations unies, qui leur imposent de s’abstenir de contribuer aux violations du droit international dans le cadre de leur chaîne de valeur. Cette responsabilité est indépendante des obligations d’un État en matière de droits humains et va au-delà du respect des lois et réglementations nationales.

« Une fois de plus, nous appelons tous les États à instaurer de toute urgence un embargo total sur les armes à destination d’Israël. Au titre du droit international, les États sont tenus de ne pas autoriser le transit d’armes à destination d’Israël et de veiller à ne pas permettre qu’une telle cargaison poursuive son trajet. En tant que pays sous lequel le navire bat pavillon et qu’État partie au Traité sur le commerce des armes, le Portugal doit prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher que la cargaison atteigne Israël.

« L’entreprise de transport allemande Reederei Gerdes doit se conformer à sa responsabilité de respecter les droits humains, notamment en veillant à ne pas contribuer à des violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains commises par des acteurs étatiques et non étatiques. Toute entreprise ou entité privée qui continue de fournir à Israël une assistance ou des équipements utilisés pour commettre un génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre risque sérieusement de se rendre complice de ces crimes », a déclaré Erika Guevara Rosas.

Complément d’information

D’après ce site de suivi des navires, le navire Holger G se trouve actuellement en Méditerranée orientale, après avoir traversé le détroit de Gibraltar, et doit faire escale à Port-Saïd, en Égypte, entre mi-décembre et fin décembre.

Le navire appartient à l’entreprise de transport allemande Reederei Gerdes. 

Amnistie internationale a pris contact avec Reederei Gerdes pour solliciter un commentaire, mais n’avait reçu aucune réponse au moment de la publication du présent document. Elbit Systems avait précédemment été contactée à propos de sa fourniture d’armes à l’armée israélienne et avait affirmé que l’entreprise agissait en toute légalité, approvisionnant « un État souverain, non soumis à des sanctions, reconnu par la communauté internationale » et qu’elle n’avait « aucune raison juridique de limiter [ses] ventes ».