• 24 juin 2025
  • International
  • Communiqué de presse

Le genre, qu’est-ce que c’est ? Et pourquoi il est important de le comprendre.

Il est difficile d’ignorer les débats de plus en plus fréquents autour du mot « genre ». Ces dernières décennies ont été marquées par des avancées historiques dans la lutte pour l’égalité dans l’accès aux droits et aux opportunités pour les femmes et les filles dans le monde entier. Bien qu’il reste encore un long chemin à parcourir, certains progrès ont aussi été accomplis dans la reconnaissance des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes.

Toutefois, une dangereuse réaction « anti-genre » se propage actuellement, menaçant les droits fondamentaux de millions de personnes dans le monde. La mésinformation et la désinformation sont employées comme des armes, mettant le « genre » en avant afin de s’attaquer à toutes sortes de choses, comme l’éducation complète à la sexualité ou le sport, en passant par les droits des personnes LGBTI et les droits sexuels et reproductifs.

Certaines récentes prises de position politiques et juridiques, notamment l’arrêt décevant rendu par la Cour suprême du Royaume-Uni sur la lecture de la loi nationale relative à l’égalité et les décrets du président des États-Unis, Donald Trump, cherchant à « protéger les femmes contre l’idéologie du genre », entre autres, révèlent une régression alarmante vers la répression, l’intolérance et la discrimination.

Le genre, qu’est-ce que c’est ?

Globalement, le genre peut être compris comme un ensemble de normes, de rôles et de comportements socialement construits. Ils sont associés au sexe assigné à une personne à sa naissance, qui détermine son accès au pouvoir, aux ressources et à un exercice équitable des droits, entre autres.

Lorsqu’un bébé naît, on lui attribue un sexe « masculin » ou « féminin » en fonction de ses caractéristiques sexuelles (souvent les organes génitaux externes, mais aussi les hormones et les chromosomes dans certains cas). Généralement, les personnes ayant un pénis sont considérées comme des « hommes » et celles dotées d’une vulve sont considérées comme des « femmes ».

Tout le monde ne possède cependant pas les caractéristiques sexuelles généralement associées à la case « homme » ou à la case « femme ». Par exemple, de nombreuses personnes présentent des variations intersexuelles à la naissance - leurs chromosomes peuvent être différents, leurs organes génitaux externes, leurs hormones ou leurs organes internes ne correspondent pas aux notions binaires caractéristiques des corps « masculin » et « féminin ». La plupart des personnes sont pourtant automatiquement classées ou forcées à rentrer dans des catégories binaires en matière de sexe et de genre.

Quels sont les rôles et les normes de genre ?

Dès l’enfance, nous recevons des messages sur la manière de nous comporter, les activités auxquelles nous devons participer, les vêtements que nous devons porter, ce que l’on attend de nous et la manière dont nous devons nous exprimer selon nos caractéristiques sexuelles. Ces idées peuvent évoluer au fil du temps et varier d’une société à l’autre, et sont façonnées par divers facteurs tels que la classe sociale, le handicap, la caste, l’appartenance ethnique, etc.

Ces messages entendus dès l’enfance peuvent conduire un grand nombre d’entre nous à suivre les rôles et expressions de genre qui nous sont assignés. Certain·e·s d’entre nous peuvent être en accord avec cela, mais cela représente des difficultés pour beaucoup - simplement parce que ce que ressentent ces personnes à propos d’elles-mêmes ne correspond pas aux injonctions de la société.

Les termes transgenre, non binaire et tout un ensemble d’identités différentes sont utilisés par les personnes dont la perception du genre et de la personnalité ne correspond pas au sexe et au genre qui leur a été assigné à la naissance et aux normes, rôles et expressions de genre qui en découlent. 

Vous souhaitez en savoir plus sur la signification de ces termes ? Consultez notre page sur les droits des personnes LGBTI.

Les rôles et les normes de genre structurent la société d’une manière qui détermine l’accès des individus au pouvoir, aux ressources et aux droits, souvent de manière inéquitable. En règle générale, les traits liés aux attitudes et aux comportements masculins (qualités considérées comme caractéristiques d’un « homme ») sont plus valorisés que ceux liés aux attitudes et aux comportements féminins (qualités considérées comme caractéristiques d’une « femme »). Par exemple, chez un homme, l’assurance est souvent applaudie et considérée comme un atout, tandis que la sensibilité, généralement attendue chez une femme, est souvent dénigrée. Ce « deux poids, deux mesures » se traduit par un écart entre les hommes et les femmes dans toute une série de domaines tels que les salaires, l’accès à l’éducation, l’emploi et les soins de santé.

Obliger des personnes à se conformer à des idées dictées par la société en matière de genre peut laisser de profondes cicatrices émotionnelles et psychologiques, et les empêcher de vivre pleinement leur vie. Il est important de se rappeler que ces idées sont apprises et qu’on peut donc aussi les désapprendre.

Vous ne savez pas ce que signifient l’identité de genre, l’expression de genre, l’orientation sexuelle, l’orientation romantique et d’autres termes souvent utilisés dans ce contexte ?  

L’explication de la personne Genderbread développée par « It’s Pronounced Metrosexual » est un point de départ facile et accessible pour comprendre ces termes (ressource disponible en anglais uniquement).

Pourquoi cette panique au sujet de l’« idéologie du genre » ?

Dès son entrée en fonction en janvier 2025, le président américain Donald Trump a pris un décret visant à défendre les femmes « contre l’extrémisme de l’idéologie du genre ». Ce terme, employé par des figures politiques et des groupes religieux, entre autres, est devenu un raccourci utilisé pour attaquer divers aspects de la sexualité, des normes de genre progressistes et du droit de disposer de son corps. En 1997, le Vatican a fait référence à l’« idéologie du genre » pour affirmer que les rôles entre les hommes et les femmes étaient biologiquement déterminés, « naturels » et immuables. Le même argument a été utilisé à d’innombrables reprises depuis lors, toute tentative de remise en question étant considérée comme une attaque contre les « traditions » et les « valeurs familiales ».

Depuis que l’expression « idéologie du genre » est entrée dans le discours public, elle a été utilisée pour restreindre les droits à l’autonomie corporelle, à la vie privée, à l’expression, à la santé et divers autres droits des femmes, des filles et des personnes LGBTI. Par conséquent, l'éducation complète à la sexualité, les droits sexuels et reproductifs, les droits des personnes LGBTI, l’acceptation de configurations familiales diverses, les initiatives visant à traiter la violence fondée sur le genre de manière globale, la prévention du VIH et toute une série d’autres questions ont subi des revers.

Cependant, étant donné que le genre est construit socialement et que sa manifestation évolue au fil du temps, il est nécessaire de révéler ce que cette peur panique artificielle recouvre réellement : une tentative de contrarier les revendications de différents groupes en faveur d’une structure sociale, économique et politique plus équitable et non discriminatoire.

La promotion des droits fondés sur le genre porte-t-elle atteinte aux droits des femmes ?

En bref, non. La hiérarchie des rôles sexospécifiques et leur application rigide entraînent discriminations, violences et abus pour toutes les femmes, les filles et les personnes de genre variant.

Les règles rigides en matière de genre et le fait d’obliger des personnes à s’y conformer ont de graves conséquences, car cela les empêche d’atteindre leur potentiel et de s’exprimer pleinement. Par exemple, des idées telles que « les hommes sont agressifs » et « les femmes sont passives » peuvent encourager et normaliser la violence. De même, les idées concernant la capacité des femmes et des filles à s’occuper des autres entraînent une répartition inégale des responsabilités en matière de soins, ce qui force des femmes et des filles à abandonner l’école, nuit à leur santé et les empêche de trouver un emploi rémunéré. Les personnes dont l’identité et/ou l’expression de genre s’écartent de ces normes rigides se trouvent confrontées à des discriminations et à la violence dans le monde entier pour avoir « défié » ces normes.  

Par conséquent, plutôt que minimiser les préjudices subis par un groupe, comprendre que les violences contre les femmes et les filles ont des racines communes avec les violences à l’égard des personnes LGBTI, et qu’elles s’appuient sur l’application stricte des normes, des rôles, des stéréotypes et de l’expression en matière de genre et de sexualité, et renforcent des structures de pouvoir inéquitables, nous permet d’envisager la question comme un problème structurel exigeant une analyse approfondie et des solutions globales.