• 27 juin 2025
  • Hongrie
  • Communiqué de presse

Hongrie. « Le monde observe la situation » alors que des dizaines de milliers de personnes se préparent à défiler malgré la tentative d’interdiction de la marche des fiertés de Budapest

  • La police doit veiller à ce que les gens puissent défiler en toute sécurité
  • Plus de 200 délégué·e·s d’Amnistie internationale participeront à la marche, dont la secrétaire générale de l’organisation
  • Une pétition mondiale ayant recueilli plus de 120 000 signatures a été remise au siège de la police

Les autorités doivent veiller à ce que le droit de manifester soit protégé et à ce que les personnes puissent participer en toute sécurité à la marche des fiertés de Budapest sans subir d’intimidation, de harcèlement ou de violences, a déclaré Amnistie internationale à l’approche du 30e anniversaire de la marche des fiertés de Budapest, qui a été interdite par la police.

Plus de 200 délégué·e·s d’Amnistie internationale venant de 17 sections de l’organisation , dont la secrétaire générale Agnès Callamard, se joindront à la marche. Une pétition, signée par plus de 120 000 personnes dans 73 pays, a été remise mercredi au siège de la police par Dávid Vig, le directeur d’Amnistie internationale Hongrie, pour rappeler au responsable de la police de la ville qu’il a le devoir de respecter, de protéger et de faciliter le droit des personnes de manifester pacifiquement.

« La tentative d’interdiction de la marche des fiertés de Budapest montre jusqu’à quelles extrémités les autorités hongroises sont prêtes à aller pour tenter de faire reculer les droits fondamentaux. Mais elle montre également jusqu’où nous pouvons aller lorsque nous nous unissons pour résister », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie internationale.

« L’attaque frontale contre les personnes LGBTI hongroises et le droit de réunion pacifique s’est heurtée à une réaction énergique de la part de nombreuses personnes dans tout le pays. Je suis fière de défiler à leurs côtés dans les rues de Budapest. Comme l’a montré l’élan de solidarité qui s’est manifesté à travers le globe, le monde observe la situation. » 

En avril, une loi discriminatoire est entrée en vigueur qui a déjà été utilisée pour interdire des marches des fiertés et d’autres manifestations en faveur de l’égalité des droits pour les personnes LGBTI en Hongrie. Aux termes de cette loi, il est « interdit d’organiser un rassemblement en violation » de la loi de 2021 interdisant « la représentation et la promotion » de l’homosexualité et des diverses identités de genre auprès des personnes âgées de moins de 18 ans. La loi donne aux autorités le pouvoir d’utiliser la technologie de reconnaissance faciale pour identifier les participant·e·s et infliger des amendes à celles et ceux qui participent à un rassemblement interdit. Le Code pénal prévoit que les organisateurs·trices d’un rassemblement interdit s’exposent à des poursuites pénales et à une peine pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement. 

Le 17 juin, le maire de Budapest a annoncé que la ville accueillerait la marche des fiertés officielle en tant qu’événement municipal et que l’approbation de la police n’était donc pas nécessaire. La police a interdit l’événement au motif qu’il s’agissait de fait d’un rassemblement public. Le 19 juin, le maire de Budapest a annoncé que la marche des fiertés aurait tout de même lieu.

« Nous ne nous laisserons pas intimider par les interdictions, les menaces et la manière forte. Au contraire, celles et ceux d’entre nous qui défileront et celles et ceux qui nous encourageront à distance puiseront leur force les uns dans les autres et dans leur certitude commune que l’humanité finira par l’emporter », a déclaré Agnès Callamard.

« Au cours des 30 dernières années, la marche des fiertés a été célébrée de manière pacifique en Hongrie. Les autorités hongroises doivent mettre fin à cette tentative de retour en arrière. Elles doivent lever les interdictions, abroger les lois discriminatoires et veiller à ce que les personnes qui participent à la marche des fiertés de Budapest puissent défiler sans subir d’intimidation, de harcèlement ou de violences. »

« Amnistie internationale sera présente à la marche des fiertés avec une délégation de plus de 200 personnes, car où que nous vivions, nous croyons tous et toutes en l’égalité, l’amour et la justice. C’est un moment historique pour la Hongrie, où les autorités doivent garantir les droits humains de la population et non satisfaire un gouvernement qui veut nous réduire au silence », a déclaré Dávid Vig, directeur d’Amnistie internationale Hongrie.

Complément d’information

La délégation d’Amnistie internationale qui se rendra à la marche des fiertés de Budapest comprend plus de 200 personnes venant de 17 pays.

Comme le révèle le rapport d’Amnistie portant sur l’année 2024, la Hongrie fait partie des pays européens qui ne respectent pas leurs obligations internationales et régionales relatives aux droits humains concernant le respect, la protection et la facilitation des rassemblements pacifiques, la levée des obstacles entravant les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique et les ingérences injustifiées dans l’exercice de ces droits. 

La municipalité de Budapest a annoncé que la marche des fiertés de Budapest se déroulerait en tant qu’événement municipal. Cela signifie que, formellement, il n’est pas nécessaire de la notifier à la police, contrairement aux rassemblements habituels. Cependant, la police de Budapest a interprété cette annonce comme étant la notification d’une manifestation et a décidé son interdiction au motif qu’il s’agissait d’un rassemblement non autorisé. Au même moment et au même endroit, une contre-manifestation a également été organisée, dont la notification a été soumise à la police avant l’annonce de la municipalité. La police a déclaré que cette contre-manifestation avait la priorité sur la marche des fiertés.

Le maire de Budapest a répondu que la marche des fiertés étant un événement municipal, elle ne nécessitait pas de notification, et que la décision de la police ne devrait donc pas l’affecter.