Les gouvernements d’Asie du Sud-Est doivent proposer des soins et un hébergement pour des Rohingyas bloqués en mer
En réaction aux informations selon lesquelles au moins un bateau transportant des réfugié·e·s rohingyas est bloqué en mer, Rachel Chhoa-Howard, spécialiste de l'Asie du Sud-Est à Amnistie internationale, a déclaré :
« Sept ans après la crise de la mer d’Andaman, qui s’est soldée par de nombreuses pertes humaines, des Rohingyas continuent à tout risquer en se lançant dans de dangereuses traversées afin d’échapper à la persécution dans leur pays, le Myanmar, qui est aux mains de l’armée, et aux conditions épouvantables dans les camps de réfugié·e·s du Bangladesh.
« Le droit international humanitaire requiert le sauvetage des personnes se trouvant en difficulté en mer, et leur acheminement en lieu sûr. Une action rapide est nécessaire afin de protéger leurs vies. Tout retard supplémentaire dans le soulagement de ces souffrances ou toute tentative de renvoyer des Rohingyas au Myanmar, où ils risquent d’être persécutés, sont inadmissibles.
« Les autorités régionales doivent de toute urgence coordonner des opérations de recherche et de sauvetage, et coopérer dans le cadre de celles-ci. Elles doivent essayer de localiser les bateaux en détresse et garantir que les personnes se trouvant à bord puissent débarquer en toute sécurité, et recevoir un soutien médical adéquat, de la nourriture et de l’eau. »
Complément d’information.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a signalé que le nombre de Rohingyas se lançant dans des périples risqués en mer depuis le Myanmar et le Bangladesh a été multiplié par six en 2022 ; il semble que 119 personnes sont mortes ou manquent à l’appel.
Les autorités régionales se sont fermement engagées à améliorer la coordination des opérations de recherche et de sauvetage de bateaux en détresse, après les pertes humaines dues à des retards dans la mise en œuvre de ces opérations.
En août 2017, plus de 740 000 femmes, hommes et enfants rohingyas ont fui le nord de l’État d'Arakan pour gagner le Bangladesh voisin, après que les forces de sécurité du Myanmar ont lancé une offensive systématique et de grande ampleur contre des villages rohingyas, se livrant notamment à des exécutions extrajudiciaires, des destructions de biens privés et des agressions sexuelles.
Plus de 130 000 personnes rohingyas se trouvent toujours dans des camps d’internement sordides de l’État d'Arakan, au Myanmar. Les Rohingyas du Myanmar continuent à voir leur droit de circuler librement, et leur accès à l’éducation et à des services de santé fortement restreints, dans un système qu’Amnistie internationale a qualifié d’apartheid.
Les autorités militaires du Myanmar arrêtent régulièrement et arbitrairement des Rohingyas quittant l’État d'Arakan. Les personnes appréhendées sont envoyées en prison sans pouvoir se défendre ni bénéficier de l’aide d’avocats. Les conditions de détention au Myanmar sont inhumaines et bien loin de respecter les normes internationales en matière de droits humains.