Soudan | Il faut accélérer les investigations sur le massacre perpétré à Khartoum en 2019
Les autorités soudanaises doivent accélérer les investigations sur l’homicide d’au moins 100 manifestant·e·s devant le quartier général de l’armée dans les jours qui ont suivi le renversement par les militaires du président soudanais Omar el Béchir, a déclaré Amnistie internationale le 3 juin 2021 à l’occasion du deuxième anniversaire de ce massacre.
Des milliers de manifestant·e·s pacifiques campaient devant le quartier général de l’armée dans la capitale Khartoum, réclamant une transition vers un gouvernement civil, lorsqu’ils ont été attaqués par des tirs de balles réelles et de gaz lacrymogènes, et à coups de fouets et de bâtons, par des membres de plusieurs forces de l’ordre – les Forces d’appui rapide, le Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) et la police.
« Les forces de sécurité ont tué au moins 100 manifestant·e·s pacifiques, blessé pas moins de 700 personnes et procédé à des centaines d’interpellations et de placements en détention, a déclaré Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est à Amnistie internationale.
« Tandis que les victimes et leurs familles continuent de réclamer justice avec courage, la Commission chargée d’enquêter sur la répression violente doit encore rendre public ne serait-ce qu’un rapport préliminaire, un an et sept mois après sa création. »
Dans un rapport publié en mars 2020, Amnistie internationale a recensé la longue liste des violations des droits humains commises lors de l’attaque du 3 juin, notamment des homicides illégaux, le recours à une force excessive, des actes de torture et des mauvais traitements, des arrestations et détentions arbitraires, des violences sexuelles et des disparitions forcées, imputables à des membres des Forces d’appui rapide, du Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) et de la police.
« C’est une parodie de justice de voir que deux ans après cette attaque injustifiée et sans la moindre provocation contre des manifestant·e·s non armés, qui a coûté la vie à des dizaines d’entre eux, aucun rapport d’enquête n’a encore été rendu public et aucun responsable de ce bain de sang n’a été amené à rendre des comptes. Au contraire, ceux qui réclament justice ont subi d’autres attaques », a déclaré Deprose Muchena.
Le 11 mai 2021, les forces de sécurité ont abattu au moins deux manifestant·e·s et en ont blessé des dizaines d’autres lors d’une manifestation à Khartoum qui réclamait justice pour le massacre perpétré deux ans auparavant.
« Il faut rendre justice aux victimes du massacre du 3 juin et faire savoir qu’elle a été rendue. Le gouvernement soudanais doit accélérer les investigations et poursuivre en justice les responsables présumés, quel que soit leur grade, dans le respect des normes internationales d’équité des procès. L’impunité ne doit pas triompher », a déclaré Deprose Muchena.