Arabie saoudite. Le Grand Prix d’Arabie Saoudite ne doit pas détourner l’attention d’un bilan désastreux en matière de droits humains
Réagissant à la tenue en Arabie saoudite, ce week-end, d’une manche du championnat du monde de Formule 1, Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnistie internationale, a déclaré :
« Ces dernières années, les autorités saoudiennes ont fortement investi dans les opérations de relations publiques pour redorer leur image en détournant l’attention de leur violente répression des militant·e·s et des défenseur·e·s des droits humains. Une brève accalmie a été observée sur le front des exécutions et des poursuites visant des militant·e·s lorsque l’Arabie saoudite a présidé le sommet du G20, mais elle a immédiatement pris fin après cet événement, les autorités intensifiant alors une fois de plus leur politique de répression.
« Les autorités saoudiennes doivent comprendre que le respect des droits humains représente la meilleure opération possible de relations publiques. Si les autorités veulent modifier l’image qu’elles projettent, elles doivent alors libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes incarcérées pour avoir pacifiquement exprimé leurs opinions, lever toutes les interdictions de voyager et instaurer un moratoire sur la peine de mort. Les gouvernements étrangers qui souhaitent nouer des liens plus étroits avec l’Arabie saoudite doivent engager les autorités saoudiennes à remédier à leur abominable bilan en matière de droits humains.
« Toute entreprise qui participe à un événement d’importance majeure en Arabie saoudite doit détecter, atténuer ou empêcher toute atteinte aux droits humains qu’elle pourrait causer ou à laquelle elle pourrait contribuer ou être directement liée en raison de ses activités, produits ou services, y compris en ce qui concerne la Formule 1 et ses grands prix. »
Complément d’information
En décembre 2020, peu après la fin du sommet du G20 présidé par l’Arabie saoudite, les autorités saoudiennes ont recommencé à réprimer la liberté d'expression en s’en prenant aux défenseur·e·s des droits humains et à toute autre personne ayant critiqué ouvertement le gouvernement. Après une chute de 85 % du nombre d’exécutions en 2020, au moins 40 personnes ont été mises à mort entre janvier et juillet 2021, ce nombre étant supérieur a celui relevé pour toute l’année 2020. Le 15 juin, les autorités saoudiennes ont exécuté Mustafa al Darwish, un jeune homme qui avait été arrêté en 2015 parce qu’il était accusé d’avoir participé à des manifestations contre le gouvernement dans la province de l’Est, et qui a été condamné à mort à l’issue d’un procès d’une flagrante iniquité.
Amnistie internationale a rassemblé des informations sur les cas d’au moins 64 personnes poursuivies en justice pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression, d’association et de réunion entre 2013 et 2021. À ce jour, 39 d’entre elles sont toujours incarcérées et les autres ont récemment fait l’objet d’une libération conditionnelle après avoir purgé leur peine ou sont dans l’attente de leur procès pour des accusations liées à l’expression de leurs opinions et à leur travail de défense des droits humains. Figurent parmi elles des défenseur·e·s des droits humains, des militant·e·s politiques pacifiques, des journalistes, des poètes et des religieux. Les conditions de la libération comprennent notamment une interdiction de voyager pendant des années.