Première utilisation confirmée de bombes à sous-munitions par l’Arménie : des tirs « cruels et irresponsables »
Amnistie internationale a vérifié des photos pointant pour la première fois l’utilisation par l’Arménie de bombes à sous-munitions interdites dans le cadre du conflit qui embrase actuellement le Haut-Karabakh, à la suite d’une attaque contre la ville de Barda, en Azerbaïdjan.
Le 28 octobre 2020, vers 13h30 heure locale, une ou plusieurs roquettes Smerch ont été tirées sur Barda, frappant un quartier d’habitation proche d’un hôpital. Le bureau du procureur général azerbaïdjanais a déclaré qu’au moins 21 personnes ont été tuées, et environ 70 blessées.
Les experts en matière de réaction aux crises d’Amnistie internationale ont vérifié des photos, prises par des journalistes de Vice News dans la ville, de fragments d’armes à sous-munitions 9N235, tirées à l’aide de roquettes Smerch 9M55 de fabrication russe, qui auraient été tirées contre la ville par les forces arméniennes.
« Les tirs d’armes à sous-munitions contre des zones civiles sont cruels et irresponsables et provoquent des morts, des blessés et des souffrances indicibles, a déclaré Marie Struthers, directrice régionale pour l’Europe de l’Est et l’Aie centrale à Amnistie internationale.
« Alors que ce conflit continue de s’intensifier, les forces azerbaïdjanaises et les forces arméniennes et soutenues par l’Arménie se sont toutes rendues coupables d’avoir utilisé des armes interdites qui mettent en danger la vie des civil·e·s pris entre deux feux.
« Les armes à sous-munitions frappent par nature sans discrimination et leur utilisation est interdite en toutes circonstances en vertu du droit international humanitaire. Nous appelons à nouveau les deux parties au conflit à cesser immédiatement d’utiliser ce type d’armes et à donner la priorité à la protection des civils. »
Le 5 octobre, Amnistie internationale avait identifié des armes à sous-munitions M095 DPICM qui semblent avoir été tirées par les forces azerbaïdjanaises sur la ville de Stepanakert, capitale régionale du Haut-Karabakh.
La semaine dernière, Amnistie internationale a engagé l’Arménie et l’Azerbaïdjan à cesser immédiatement d’utiliser des armes explosives lourdes à large rayon d’impact dans les zones civiles à forte densité de population.
Complément d’information
Le 27 septembre, des combats violents ont éclaté opposant l’Azerbaïdjan à l’Arménie et aux forces soutenues par l’Arménie dans la région du Haut-Karabakh. Au cours du mois dernier, les deux camps impliqués dans le conflit ont échangé des tirs d’artillerie et des tirs de roquettes.
Amnistie internationale a appelé toutes les parties au conflit à respecter pleinement le droit international humanitaire et à protéger la population civile contre les répercussions des hostilités.
Munitions à fragmentation
Les armes à sous-munitions sont par nature des armes frappant sans discrimination, qui infligent des souffrances aux populations civiles des années après leur utilisation. Elles sont interdites au niveau international par un traité soutenu par plus de 100 États. Amnistie internationale demande à l’Arménie et à l’Azerbaïdjan de devenir parties à la Convention sur les armes à sous-munitions.
Les armes à sous-munitions dispersent des centaines de petites bombes, ou sous-munitions, sur une vaste zone. On estime qu’entre 5 et 20 % des minibombes n’explosent pas. Elles restent donc sur place et sont aussi dangereuses pour les civils que les mines terrestres antipersonnel.
L’utilisation de ces armes viole l’interdiction d’attaques menées sans discrimination en raison de la vaste zone couverte par les nombreuses minibombes larguées et du danger représenté pour tous ceux qui entrent en contact avec les munitions non explosées.