• 17 fév 2020
  • Éthiopie
  • Communiqué de presse

La police a attaqué des partisans de l’opposition dans la région d’Oromia, tuant un vendeur et blessant une musicienne

La police en Éthiopie a attaqué des partisans de l’opposition dans la région d’Oromia le samedi 15 février 2020, tuant une personne et en blessant beaucoup d’autres, et procédant à de nombreuses arrestations.

Quelques heures seulement après l’annonce de la date des élections législatives en Éthiopie, la police Liyu dans la région Oromia a fait une descente lors de l’inauguration des locaux du Front de libération oromo (FLO) à Welenchiti. Tirant des balles réelles et des gaz lacrymogènes, elle a tué un partisan du FLO qui était vendeur de vêtements.

Plus tard dans la journée, la police a arrêté une trentaine d’invités à la soirée de lancement d’un hôtel à Burayu et les a conduits dans un stade, où ils ont été frappés et humiliés pendant des heures.

« Ces agissements éhontés montrent qu’il est très dangereux de se réunir et d’exprimer des positions politiques en Éthiopie, a déclaré Seif Magango, directeur régional adjoint d’Amnistie internationale pour l’Afrique de l'Est et l’Afrique australe.

« Les attaques contre les rassemblements de l’opposition ne doivent pas devenir une marque de fabrique de la période préélectorale. Les autorités doivent ouvrir immédiatement une enquête indépendante et efficace sur ces événements et amener les suspects à rendre des comptes dans le cadre de procès équitables. »

À la suite de la descente effectuée dans le bureau du FLO à Welenchiti, la police régionale Liyu a frappé les partisans rassemblés et poursuivi ceux qui fuyaient, leur assénant des coups de bâtons. En outre, les policiers ont immobilisé un véhicule garé appartenant à une équipe locale de journalistes, de l’Oromia News Network (ONN), en tirant dans les pneus, puis l’ont déplacé jusqu’au poste de police local, avec tout l’équipement de tournage des journalistes à l’intérieur.

La deuxième attaque de la police Liyu s’est déroulée le même jour, lors de la soirée de lancement d’un nouvel hôtel à Burayu. La police s’en est pris aux invités tandis que la soirée touchait à sa fin, a fait monter une trentaine d’entre eux dans un fourgon et les a emmenés au stade de Burayu.

Là, ces personnes ont été de nouveau frappées, contraintes de faire des tours de stade sur les genoux et de se rouler par terre jusque tard dans la nuit.

Hawi Haile Yesus Keneni, une musicienne, figurait parmi les personnes rouées de coups à Burayu, et a été blessée au point d’avoir besoin d’une intervention chirurgicale. Elle a déclaré à Amnistie internationale que des membres de la police Liyu de la région Oromia, portant des uniformes verts, l’avaient frappée à la tête, sur les mains et d’autres parties du corps.

Tandis que l’administration municipale de Burayu a décrit sur sa page Facebook ces violences comme étant « une bagarre qui a éclaté au sujet d’un désaccord sur le choix d’une chanson », des victimes et des témoins ont déclaré à Amnistie internationale que la fête était terminée lorsque la police est arrivée. L’un des artistes a déclaré avoir entendu le commandant de police sur place accuser les personnes arrêtées d’être des partisans du FLO.

« Il est scandaleux que les autorités chargées de garantir la sécurité de la population puissent s’en prendre aussi brutalement à des personnes qui vaquent à leurs occupations, sans aucune considération pour la vie humaine. Les autorités éthiopiennes doivent dénoncer ces attaques dans les termes les plus forts et veiller à ce que de telles scènes ne se reproduisent pas », a déclaré Seif Magango.

Les élections législatives auront lieu en Éthiopie le 29 août 2020.

 

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