Il faut empêcher les retours forcés de membres de minorités religieuses pakistanaises
Le gouvernement du Sri Lanka doit renoncer immédiatement à renvoyer des demandeurs d’asile dans leur pays d’origine en violation du droit international, a déclaré Amnistie internationale vendredi 14 juin.
Des membres de minorités religieuses pakistanaises, notamment des chrétiens et des chiites qui se sont réfugiés au Sri Lanka au cours des dernières années et ont été déplacés après les attentats du dimanche de Pâques, sont actuellement détenus et pourraient être expulsés par les autorités. Leur renvoi forcé irait à l’encontre du principe de « non-refoulement », inscrit dans le droit international coutumier, en les exposant au risque de subir de graves violations des droits humains.
« Le Sri Lanka doit renoncer à renvoyer ces personnes de force, ce qui mettrait leur vie en danger. Elles ont déjà été contraintes de fuir de chez elles à deux reprises, d’abord dans leur pays d’origine puis dans celui où elles ont cherché la sécurité et un abri. En les renvoyant vers les menaces qu’elles ont fuies, les autorités violeraient le droit international », a déclaré Biraj Patnaik, directeur pour l’Asie du Sud à Amnistie internationale.
Au Sri Lanka, les réfugiés et les demandeurs d’asile ont été la cible de représailles à la suite des attentats à l’explosif commis par un groupe armé se déclarant affilié à « l’État islamique » contre trois églises et trois hôtels le dimanche de Pâques, qui ont coûté la vie à plus de 250 personnes. Brandissant des bâtons et d’autres armes, des foules se sont regroupées devant les logements de réfugiés et de demandeurs d'asile, en les sommant de partir immédiatement. Après avoir rassemblé les quelques effets personnels qu’ils ont pu, ceux-ci ont cherché refuge dans des postes de police et des locaux associatifs situés à proximité.
Les personnes qui risquent d’être expulsées ont vu leur demande d’asile rejetée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Toutefois, selon le droit international coutumier, le principe de « non-refoulement » s’applique à toutes les personnes, qu’elles aient obtenu ou non l’asile. Aucune personne ne doit être renvoyée vers un lieu où elle risque de subir un préjudice irréparable.
Plus de 1 200 réfugiés et demandeurs d’asile ont été déplacés par les violences qui ont suivi les attentats du 21 avril 2019 au Sri Lanka. Parmi eux figurent au moins 1 000 ahmadis pakistanais, tandis que les quelque 200 autres sont des membres de minorités religieuses du Pakistan et de l’Afghanistan : chrétiens pakistanais, chiites pakistanais et chiites hazaras afghans. Les personnes qui risquent d’être expulsées sont des chrétiens et des chiites pakistanais, deux minorités religieuses souvent victimes de violences commises par des groupes armés et d’accusations de « blasphème », une infraction passible de la peine de mort dans leur pays d’origine.
« Le Sri Lanka accueille depuis de nombreuses années des personnes fuyant la persécution dans leur propre pays. Il doit poursuivre cette politique positive, et non revenir dessus. La procédure d’asile doit être équitable, et nul ne peut être expulsé vers un lieu où il risque de graves violations des droits humains, quel que soit le statut de sa demande d’asile », a déclaré Biraj Patnaik.