Un militant est visé par des accusations impitoyables après avoir soutenu une collègue privée de liberté
Les autorités russes doivent mettre un terme à leur campagne malveillante contre le mouvement d’opposition Otkrytaïa Rossia (Open Russia), a déclaré Amnistie internationale jeudi 31 janvier après qu’un militant de cette organisation a été inculpé pour avoir partagé des messages de solidarité en faveur d’une collègue récemment arrêtée.
Roman Zaïtsev a été inculpé mercredi 30 janvier en vertu de la loi répressive sur les « organisations indésirables », pour avoir partagé des articles publiés par Open Russia sur la militante Anastassia Chevtchenko et une déclaration d’Amnistie internationale appelant à la libération de cette femme. L’affaire a par ailleurs pris un tour encore plus tragique, puisque la fille d’Anastassia Chevtchenko, âgée de 17 ans, est morte à l’hôpital jeudi 31 janvier dans la matinée. Ce n’est que quelques heures avant son décès que les autorités ont fini par donner à Anastassia Chevtchenko la permission de rendre visite à l’adolescente.
« Les mesures répressives du gouvernement contre Open Russia sont déjà absurdes et malveillantes, mais elles viennent d’atteindre de nouveaux sommets de cruauté. Les persécutions dont est victime Roman Zaïtsev pour avoir soutenu Anastassia Chevtchenko, à l’heure de la tragédie qui vient de la frapper, en dit long sur l’impitoyable système de "justice" de la Russie », a déclaré Marie Struthers, directrice pour la région Europe de l’Est et Asie centrale à Amnistie internationale.
« Si le partage d’une information relative à un groupe d’opposition est une raison suffisante pour engager des poursuites, cela pourrait exposer au danger des milliers de personnes qui ont reposté, retweeté ou cité des informations publiées par Open Russia. »
Mercredi 30 janvier dans la soirée, le parquet du district central de Volgograd a accusé Roman Zaïtsev, qui est le coordinateur régional d’Open Russia, d’« avoir mené à bien les activités d’une organisation indésirable ».
Il est poursuivi pour avoir partagé des nouvelles publiées par Open Russia et des messages de solidarité avec Anastassia Chevtchenko, qui est une prisonnière d’opinion.
Anastassia Chevtchenko est la première personne à avoir été inculpée de « participation répétée aux activités d’une organisation indésirable » lorsqu’elle a été placée en résidence surveillée le 23 janvier. Si elle est déclarée coupable, elle encourt jusqu’à six ans de prison pour son militantisme pacifique.
Une semaine après l’arrestation d’Anastassia Chevtchenko, Alina, sa fille aînée, a été hospitalisée et a succombé à une maladie respiratoire aiguë (bronchite obstructive). Les autorités ont dans un premier temps rejeté la demande déposée par Anastassia Chevtchenko afin de pouvoir rendre visite à sa fille, qui vivait dans un internat pour enfants présentant des besoins particuliers.
Tard mercredi soir, quelques heures avant que sa fille ne décède, Anastassia Chevtchenko a finalement été autorisée à la voir.
« L’inhumanité de la campagne menée par les autorités russes contre Open Russia est inadmissible. Non seulement l’État a placé une personne innocente en résidence surveillée en raison de son militantisme pacifique, mais il a redoublé de cruauté en privant Anastassia Chevtchenko de la possibilité de prendre soin de sa fille mourante », a déclaré Marie Struthers.
« Anastassia Chevtchenko doit être remise en liberté immédiatement, et la campagne contre Open Russia et contre les voix dissidentes en Russie doit prendre fin. »