• 9 oct 2019
  • Russie
  • Communiqué de presse

L’inscription de la Fondation anticorruption sur une liste d’« agents de l’étranger » est une nouvelle attaque contre la liberté d’association

En réaction aux informations annonçant que le ministère russe de la Justice a ajouté la Fondation anticorruption (FBK), créée par le militant de l’opposition Alexeï Navalny, à sa liste d’« agents de l’étranger », Natalia Zviagina, directrice d’Amnistie internationale Russie, a déclaré :

« La Fondation anticorruption rejoint la longue liste d’ONG victimes de la loi répressive relative aux “agents de l’étranger”. Bien que cet acte de vengeance contre une organisation fondée par un éminent détracteur du Kremlin n’ait rien de nouveau, nous notons qu’il cible l’un des plus vastes réseaux de la société civile dans le pays.

« Face à l’absence de véritable opposition politique, la Fondation a réussi à se développer, à financer ses activités et à toucher un large public avec ses révélations de corruption dans les plus hautes sphères en Russie. Elle est devenue la source et l’aimant du militantisme civil et politique. Elle en paye maintenant le prix.

« La décision d’aujourd’hui lance un nouvel avertissement aux opposants du gouvernement et à toutes les initiatives politiques indépendantes en Russie, pour leur faire comprendre que les autorités ne toléreront pas ce qui peut encourager les critiques de l’opinion publique et la protestation.

« Nous appelons à nouveau les autorités russes à abroger la loi relative aux “agents de l’étranger” et à cesser leurs attaques contre le droit à la liberté d’association en Russie et leur croisade contre les militants de la société civile et les détracteurs du gouvernement. »

Complément d’information

En conséquence de son inscription sur une liste d’« agents de l’étranger », la Fondation anticorruption est tenue de rendre compte de ses activités, subit une étroite surveillance financière et doit indiquer sur toutes ses publications la mention « préparé par un agent de l’étranger ».

Le 3 août, les autorités ont engagé des poursuites contre la Fondation anticorruption en l’accusant de « blanchiment d’argent » sur 75 millions de roubles (1,2 million de dollars américains) et gelé les comptes bancaires de l’organisation et de son personnel.

Le 28 août, le directeur de la Fondation, Ivan Jdanov, a été inculpé de « non-application de la décision de justice » lui ordonnant de supprimer un reportage sur des biens qui auraient été acquis illicitement par le Premier ministre Dmitri Medvedev.

Dans le cadre de l’enquête, plus de 200 perquisitions ont été effectuées le 12 septembre dans 43 des 45 bureaux régionaux gérés par les sympathisants d’Alexeï Navalny et à leur domicile.