• 27 juin 2025
  • Géorgie
  • Communiqué de presse

Géorgie. La répression contre les personnes critiquant le gouvernement s’intensifie avec l’incarcération d’un nouveau politicien de l’opposition

Réagissant à une nouvelle incarcération visant une figure de l’opposition géorgienne, l’ancien député Giorgi (Givi) Targamadze, condamné à sept mois de prison pour avoir refusé de reconnaître la légitimité du Parlement et de se présenter devant une commission d’enquête parlementaire, Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :

« La convocation de personnalités de l’opposition devant une commission parlementaire, ainsi que leur arrestation et leur emprisonnement pour avoir refusé de reconnaître sa légitimité suscitent de vives inquiétudes quant à l’utilisation abusive des pouvoirs législatifs, policiers et autres pour réduire au silence celles et ceux qui critiquent le gouvernement en Géorgie. » 

« Le statut de la commission étant contesté, certains l’ont instrumentalisée dans le but de s’en prendre à d’anciens représentant·e·s de l’État, du fait de leur opposition de principe. Elle est devenue un outil de répression politique, et non d’examen parlementaire, utilisé pour mettre les opposant·e·s politiques derrière les barreaux avant les élections locales. L’utilisation abusive de structures parlementaires par le parti au pouvoir s’inscrit dans le cadre d’une répression plus large contre les personnes exprimant des critiques, qui comprend la détention arbitraire et la persécution de militant·e·s et de manifestant·e·s pacifiques, ainsi que le fait de réduire au silence la société civile au moyen d’une législation répressive et d’exigences illégales.

« Les autorités géorgiennes doivent cesser de s’attaquer sans relâche à l’opposition et de prendre pour cible les manifestant·e·s et les militant·e·s politiques qui exercent pacifiquement leurs droits humains, et libérer Givi Targamadze et les six autres membres de l’opposition qu’elles ont arrêtés ces dernières semaines. Les autorités doivent mettre fin aux pratiques qui enfreignent les obligations internationales de la Géorgie en matière de droits humains. Elles doivent aussi respecter et garantir les droits fondamentaux de l’ensemble des habitant·e·s du pays. »

Complément d’information

Le 27 juin, le tribunal de la ville de Tbilissi a condamné Giorgi (Givi) Targamadze à sept mois de prison pour « non-respect » d’une commission parlementaire dirigée par le parti au pouvoir, Rêve géorgien. Cette commission est censée avoir été créée pour enquêter sur des abus présumés commis par d’anciens hauts responsables du parti d’opposition Mouvement national uni (MNU), qui a dirigé le pays de 2003 à 2012.

Giorgi Targamadze est la huitième personnalité de l’opposition à être arrêtée et la cinquième à être condamnée dans le cadre de cette procédure ces dernières semaines, après que Giorgi Vashadze et Zurab Japaridze ont été condamnés à sept mois de prison chacun, et Mamuka Khazaradze et Badri Japaridze à huit mois chacun. Tous ont également l’interdiction d’exercer une fonction publique pendant deux ans. Trois autres personnalités de l’opposition - l’ancien président du MNU, Nika Melia, les anciens ministres de la Justice et de la Défense, Nika Gvaramia et Irakli Okruashvili - se trouvent également en détention et sont en instance de jugement pour les mêmes chefs d’accusation.

En vertu de la loi géorgienne, le refus de coopérer avec une commission parlementaire est passible d’une amende ou d’une peine pouvant aller jusqu’à un an de prison. Toutefois, les tribunaux n’ont jusqu’à présent prononcé que des peines d’emprisonnement, dans une série d’affaires visant des figures politiques ayant remis en cause la légitimité du Parlement actuel à la suite d’élections aux résultats contestés.