Deux ans après la « purge homosexuelle » en Tchétchénie, les victimes attendent toujours justice et un défenseur LGBTI est menacé de mort
Deux ans après la violente « purge homosexuelle » en Tchétchénie, les autorités russes n’ont toujours pas rendu justice aux victimes, a déclaré Amnistie internationale le 1er avril 2019.
Dans le cadre d’une répression dévoilée en 2017, des dizaines d’hommes ont été enlevés, torturés et tués en raison de leur orientation sexuelle réelle ou présumée. À ce jour, personne n’a eu à rendre de comptes pour ces crimes.
« Les autorités russes se rendent complices de ces crimes de haine commis en Tchétchénie contre des personnes perçues comme des gays ou des lesbiennes, a déclaré Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnistie internationale.
« Deux ans après que les informations faisant état d’une " purge homosexuelle " ont provoqué une onde de choc dans le monde entier, il est clair que les responsables n’ont pas été sanctionnés du fait de l’homophobie cautionnée par l’État et de l’impunité pour les violations des droits humains en Tchétchénie. »
Par ailleurs, les autorités n’ont toujours pas accordé une protection efficace au défenseur des droits des personnes LGBTI, Igor Kochetkov, l’un des principaux acteurs de l’enquête publique sur la violente répression, qui a récemment reçu des menaces de mort.
Le 29 janvier 2019, une vidéo proférant des insultes et une menace de mort contre Igor Kochetkov a été largement diffusée sur les réseaux sociaux. Lorsqu’il a déposé plainte contre l’auteur de cette vidéo, la police a simplement suggéré : « La prochaine fois, le défenseur des droits humains devrait appeler un numéro d’urgence. » Aucune enquête officielle n’a été ouverte par la police à ce jour.
« Le mépris choquant envers la vie humaine et la dignité humaine est encore monté d’un cran, les autorités ne prenant même pas la peine de mener une enquête approfondie sur les menaces de mort adressées à Igor Kochetkov, qui dirige le Réseau LGBT russe.
« Toutefois, dans un rare revirement positif, un tribunal de Saint-Pétersbourg a statué la semaine dernière que l’inaction de la police dans cette affaire était illégale. Nous demandons aux autorités russes de prendre en compte rapidement ce jugement et de diligenter une enquête approfondie et efficace sur les menaces de mort qu’a reçues Igor Kochetkov et sur les crimes commis en République tchétchène dénoncés par le Réseau LGBT russe. »
Complément d’information
En avril 2017, le quotidien Novaya Gazeta révélait une terrible répression en Tchétchénie, au cours de laquelle des dizaines d'hommes ont été enlevés, torturés et tués. L’État russe n’ayant pas œuvré en faveur de la justice pour ces victimes, une autre vague de crimes homophobes a déferlé sur la Tchétchénie en 2018. D’ici à janvier 2019, au moins deux personnes auraient été torturées à mort lors de cette répression.