Un message aux dirigeants européens projeté sur l’Acropole à l’occasion de l’anniversaire de l’accord UE-Turquie
Aux premières heures de ce lundi 18 mars, les dirigeants européens ont reçu un message clair lorsque « Bienvenue aux réfugiés » a été projeté en grand, illuminant tout le côté de l’Acropole.
Organisée par Amnistie internationale, cette action vise à attirer l’attention sur la souffrance des réfugiés pris au piège sur les îles grecques du fait de l’accord entre l’Union européenne (UE) et la Turquie, conclu il y a trois ans aujourd’hui.
« Trois ans après l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie, il est vital que cet appel en faveur de plus d’humanité soit vu dans tout Athènes, mais aussi dans toute l’Europe, a déclaré Fotis Filippou, directeur des campagnes pour l’Europe à Amnistie internationale.
« La situation de milliers de migrants et de réfugiés sur les îles entache la conscience de l’Europe. Quiconque regarde l’Acropole contemple des millénaires de civilisation. Quiconque tourne son regard vers les camps de réfugiés sur les îles grecques verra que nos dirigeants n’ont rien appris.
« Il est temps qu’ils placent l’humanité au premier plan. Ils doivent mettre un terme à la tragédie que ces milliers de personnes endurent du fait de l’accord UE-Turquie et agir sans attendre pour que ceux qui sont pris au piège d’une misère abjecte sur les îles grecques puissent enfin vivre en sécurité grâce à un transfert sur le continent ou vers d’autres États européens. »
Complément d’information
L’immense message « L’humanité avant tout, bienvenue aux réfugiés » a été projeté sur le côté de l’Acropole.
L’accord UE-Turquie est une déclaration de coopération entre les États de l’UE et le gouvernement turc prévoyant de renvoyer des personnes qui traversent jusqu’aux îles grecques en Turquie, en se basant sur l’hypothèse que la Turquie est un pays sûr. Cela concernait également les demandeurs d’asile et les migrants vulnérables. Dans la pratique, cet accord a donné lieu à une politique visant à contenir les réfugiés et les migrants, qui se retrouvent bloqués dans les « hotspots » (centres de crise) grecs pendant des périodes prolongées.
Actuellement, plus de 15 000 personnes se trouvent dans ces centres de crise sur les îles grecques, dont plus de la moitié sont des femmes et des enfants. La plupart séjournent dans des camps surpeuplés, beaucoup dormant dans des tentes et des conteneurs inadaptés, exposés à des risques pour leur sécurité. Le camp sur l’île de Samos héberge à lui seul plus de 4 000 personnes, soit plus de cinq fois sa capacité initiale.
Sur le papier, l’arrangement devait s’accompagner d’un mécanisme du « un pour un » : l’UE s’est engagée à réinstaller un Syrien dans ses États membres pour chaque Syrien renvoyé en Turquie depuis la Grèce. Toutefois, les chiffres montrent qu’un peu plus de 8 000 Syriens seulement ont bénéficié d’une réinstallation en 2018, tandis que 3,6 millions sont toujours en Turquie. En parallèle, sur les 32 494 personnes arrivées par la mer en Grèce en 2018, 322 seulement ont été renvoyées vers la Turquie.