• 15 mai 2019
  • France
  • Communiqué de presse

Des charges forgées de toutes pièces contre un défenseur des droits humains doivent être abandonnées

À l’approche du procès de Tom Ciotkowski, un défenseur britannique des droits humains qui a recueilli des informations sur des violences policières commises contre des personnes migrantes et réfugiées et des bénévoles qui leur venaient en aide à Calais, Amnistie internationale demande instamment l'abandon de toutes les charges qui pèsent sur cet homme et appelle les gouvernements européens à cesser de traiter la solidarité comme une infraction.

Tom Ciotkowski risque jusqu'à cinq ans d’emprisonnement et une amende pouvant aller jusqu'à 7 500 euros pour des accusations fabriquées de toutes pièces. En juillet 2018, il a observé des policiers français qui empêchaient des bénévoles de distribuer de la nourriture à des personnes migrantes et réfugiées à Calais. Il a été inculpé d’« outrage et violence » après avoir remis en cause des violences commises par un policier contre une autre personne bénévole.

« Tom Ciotkowski est un jeune bénévole altruiste qui agissait pour venir en aide aux personnes migrantes et réfugiées quand il a été arrêté. Il n'a commis aucune infraction et il est injustement pris pour cible pour avoir recueilli des informations sur le comportement violent de la police à Calais », a déclaré Maria Serrano, chargée de campagne sur les migrations à Amnistie internationale. »

Le cas de Tom Ciotkowski ne fait malheureusement qu’illustrer les actes de harcèlement, les tentatives d’intimidation et les attaques auxquels la police soumet des défenseurs et défenseures des droits humains qui œuvrent en faveur des personnes migrantes et réfugiées à Calais. Cette affaire reflète aussi, plus généralement, une tendance européenne consistant à réprimer pénalement les actes de solidarité, afin de décourager d’autres personnes de défendre les droits humains.

« Les efforts des personnes et des ONG qui viennent en aide aux personnes en détresse devraient être applaudis, célébrés et soutenus, et non considérés comme des infractions. Les charges scandaleuses qui pèsent sur Tom Ciotkowski doivent être abandonnées. Nous avons plus que jamais besoin de personnes courageuses et altruistes comme lui. »

Le procès débutera à 13 h 30 HAEC (heure d’été d'Europe centrale) le 15 mai, au Tribunal de Boulogne-sur-Mer.

COMPLÉMENT D’INFORMATION

Fin juillet 2018, Tom Ciotkowski a observé des policiers français alors que ceux-ci contrôlaient les documents d’identité de bénévoles qui tentaient de distribuer de la nourriture à des personnes migrantes et réfugiées. Un policier a poussé une personne bénévole et lui a donné un coup de pied, scène que Tom Ciotkowski a filmée sur son téléphone portable.

Lorsque Tom Ciotkowski s'est plaint du comportement de la police, un agent s'est approché de lui et d'une bénévole, qu'il a frappée au moyen d’une matraque. Tom Ciotkowski a demandé à l'agent son numéro matricule et lui a dit de ne pas s’en prendre à des femmes. Un autre policier l’a alors poussé violemment et il a basculé par-dessus une barrière de béton qui séparait le trottoir de la route, échappant de peu à un camion qui passait.

Tom Ciotkowski a ensuite été arrêté, maintenu en garde à vue pendant 36 heures et inculpé d'« outrage et violence ».

En mai 2019, Tom Ciotkowski a porté plainte contre le policier qui l'avait poussé et contre d'autres agents, qui avaient fait des rapports contenant de fausses affirmations contre lui pour justifier son arrestation et les poursuites à son encontre.