Arborer le drapeau LGBTIQ en Angola
Paula Sebastião est membre du mouvement féministe LGBTIQ Arquivo Identidade Angolano. Pendant le mois de la marche des fiertés, elle nous livre sa réflexion sur les progrès et l’espoir qui nourrissent le militantisme LGBTIQ dans son pays.
C’est en juillet 2016 que s’est tenu en Angola le premier festival LGBTIQ, appelé FESTÍRIS. Cette manifestation historique visait à créer un espace pour que la communauté LGBTIQ se réunisse et sensibilise l’opinion aux problèmes qu’elle rencontre par le canal de l’éducation et des loisirs. Des sympathisants venant de toutes les composantes de la société ont assisté au festival, celui-ci leur offrant un espace de réflexion et de débat concernant la culture et le quotidien des personnes LGBTIQ en Angola.
Le succès du premier FESTÍRIS a été important pour les militants et les militantes du mouvement LGBTIQ en Angola. Cela nous a indiqué une voie à suivre pour sensibiliser la société à cette question. Nous avons compris que, si on voulait se faire voir et entendre, nous devions occuper de plus en plus l’espace public afin de renforcer et de créer des passerelles pour améliorer l’accès, l’inclusion et la compréhension de la communauté LGBTIQ.
Ouvrir la voie aux droits
Le 23 janvier 2019, la communauté LGBTIQ angolaise a célébré l’approbation du nouveau Code pénal. Cela a été un moment unique et historique, surtout dans le contexte africain, car l’Angola a non seulement retiré du Code pénal l’article 71, qui était considéré par beaucoup comme une disposition érigeant en infraction pénale les relations sexuelles entre personnes du même sexe, mais désormais il a aussi fait de la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle une infraction.
En 2019, le festival FESTÍRIS s’est tenu le 17 mai lors de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Le festival a fêté la victoire récemment obtenue après des années de lutte des groupes LGBTIQ angolais et a salué les retombées du nouveau Code pénal. Il a aussi permis une réflexion sur l’historique de la Journée du 17 mai et sur la discrimination qui frappe encore les personnes LGBTIQ en Angola. Au travers d’expositions artistiques et de débats, et aussi par des spectacles de théâtre et des projections de film, nous avons voulu sensibiliser l’opinion publique aux questions relatives à l’homophobie, à la biphobie et à la transphobie ; préparer la mise en œuvre des droits et des garanties prévus dans le nouveau Code pénal ; et favoriser une réflexion concernant les progrès qu’il faut accomplir à l’avenir.
L’accès difficile au marché de l’emploi des personnes LGBTIQ constitue un obstacle socio-économique, mais le nouveau Code pénal prévoit une disposition pour garantir la non-discrimination sur le lieu de travail. Dans ce contexte, le festival FESTÍRIS a permis d’être un espace pour promouvoir le travail des personnes LGBTIQ qui ont des petites entreprises et pour débattre de l’intégration de la communauté au marché du travail. Dans le cadre d’un salon de l’emploi où participaient des entrepreneurs issus de la communauté LGBTQ, nous avons pu mettre en valeur leurs compétences et montrer qu’il était possible que les personnes LGBTQ s’épanouissent et contribuent aux entreprises en dehors des secteurs de l’informel et du travail du sexe, dans lesquels elles sont trop souvent cantonnées.
Un sentiment d’espoir
Le festival a été couronné de succès, ayant réuni plus de 300 personnes issues de la communauté LGBTQ comme du grand public. Nous avons pu entrer en contact avec des partenaires et alliés qui feront en sorte que le festival puisse se tenir tous les ans. Parmi eux figurent des ONG, le PNUD et ONUSIDA de même que des ambassades de gouvernements qui nous soutiennent comme l’ambassade de Suède ou celle des Pays-Bas.
Malgré toutes les difficultés rencontrées par les militants LGBTIQ pour la tenue du festival FESTÍRIS, nous ne renoncerons jamais parce que nous savons que les activités de ce genre sont essentielles pour la promotion et l’épanouissement des droits des personnes LGBTIQ en Angola.
Nous avons un sentiment d’espoir. Nous estimons qu’il est possible de continuer à œuvrer pour obtenir les changements que nous souhaitons, c’est-à-dire faire valoir nos droits et avancer vers l’égalité pour tous et toutes.