Un rapport accablant de l'ONU souligne la nécessité d'un embargo sur les armes et d'une surveillance renforcée
Réagissant au rapport accablant publié le 28 août par le Groupe d'experts éminents sur le Yémen (GEE), qui indique que toutes les parties au conflit pourraient être responsables de crimes de guerre, Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient à Amnistie internationale, a déclaré :
« Le GEE, dans son premier rapport, confirme ce que nous savons depuis trois ans, à savoir que toutes les parties au conflit au Yémen ont agi sans le moindre respect à l'égard de la vie des civils. La coalition menée par l'Arabie saoudite et les forces qui se sont alliées à elle, les Houthis et les forces fidèles au gouvernement yéménite ont sans relâche mené des attaques illégales, restreint l'accès à l'aide humanitaire, largement procédé à des arrestations arbitraires, à des disparitions forcées, à l'enrôlement d'enfants, et commis d'autres graves violations qui ont infligé et qui continuent d'infliger des souffrances inimaginables à la population civile yéménite.
« Il est plus que jamais impératif que la communauté internationale exerce une surveillance attentive et prenne des mesures fermes. Les États-Unis, le Royaume-Uni et les autres États doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher d'autres violations et pour faire face à cette crise humanitaire catastrophique. Ils doivent commencer par mettre fin immédiatement à l'arrivée d'armes dans le pays et aux restrictions arbitraires exercées par la coalition sur l'aide humanitaire et sur les importations de biens de première nécessité.
« Le conflit armé se poursuit, et le mandat du GEE doit être renouvelé en amont de la 39e session du Conseil des droits de l'homme, qui aura lieu le mois prochain. Il est absolument nécessaire qu'il puisse enquêter sur les nouvelles violations des droits humains et atteintes à ces droits, et identifier les responsables, avec la même rigueur et de façon tout aussi approfondie. »
Complément d’information
En septembre 2017, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a adopté une résolution (n° 36/31) créant un Groupe d'experts éminents (GEE) sur le Yémen incluant des experts régionaux et internationaux ayant la connaissance du droit relatif aux droits humains et du contexte propre au Yémen, avec un mandat d'un an renouvelable selon autorisation.
En décembre 2017, trois experts indépendants ont été nommés, et le GEE a commencé ses activités en février 2018.
Le GEE a pour mandat d'enquêter sur les violations et les atteintes aux droits humains commises par toutes les parties au conflit au Yémen entre septembre 2014 et juin 2018, et d'identifier, dans la mesure du possible, les responsables de ces actes. Il a mené six missions d'enquête au Yémen entre mars et mai 2018, se rendant dans les gouvernorats d'Hodeidah, de Sada, de Sanaa et d'Aden. Il a également signalé avoir communiqué au haut-commissaire aux droits de l’homme de façon confidentielle des informations imputant la responsabilité de violations et d'atteintes aux droits humains précises à des auteurs présumés.