• 15 déc 2025
  • International
  • Communiqué de presse

Pour terminer l’année, plusieurs cas dans lesquels l’espoir et l’humanité ont triomphé

Malgré les défis brutaux auxquels l’humanité est actuellement confrontée, Amnistie internationale continue à voir que des personnes venues du monde entier démontrent l’importance du militantisme et le pouvoir de la solidarité, qui peuvent changer des vies. Nous vous présentons, avant la nouvelle année, quelques histoires inspirantes datant des six derniers mois, mettant en avant l’espoir et l’humanité, qu’il s’agisse d’amener des gouvernements à rendre des comptes et de réclamer justice pour les victimes de violences liées au genre, en passant par la libération de défenseur·e·s des droits humains. 

Juillet 

Monde : Deux avis consultatifs historiques ont considérablement contribué cette année à la clarification des obligations des États en matière de droits humains face à l’urgence climatique, renforçant la lutte pour la justice climatique et l’obligation de rendre des comptes. En juillet, la Cour internationale de justice a clairement déclaré que le plein exercice des droits humains ne peut être garanti sans la protection du système climatique et d’autres conditions constitutives de l’environnement. La plus haute juridiction mondiale a mis l’accent sur le fait que les États ont le devoir d’agir sans plus attendre, notamment pour réglementer les activités des acteurs privés, et de coopérer pour protéger les générations actuelles et futures, ainsi que les écosystèmes contre l’aggravation des effets du changement climatique induit par les humains. Plus tôt ce mois-là, la Cour interaméricaine des droits de l’hommeavait diffusé son avis consultatif fixant des normes transnationales susceptibles de donner également forme à la jurisprudence dans des tribunaux du monde entier. 

 Togo : Après qu’Amnistie internationale et d’autres organisations de la société civile ont lancé des appels en ce sens, une enquête a été ouverte le 6 juillet sur la mort de cinq manifestants, dont les corps ont été retrouvés dans des cours d’eau à Lomé, la capitale. Les autorités avaient initialement refusé de fournir des informations sur la mort de ces cinq personnes - qui avaient participé aux manifestations violemment réprimées par les forces de sécurité au cours des journées précédentes -, affirmant qu’elles s’étaient noyées. 

 Argentine : L’auteur d’un incendie ciblé ayant tué trois lesbiennes en 2024 a finalement été inculpé d’homicide avec circonstances aggravantes, motivé par l’homophobie. 

 Sénégal : Après des appels lancés par Amnistie internationale, le ministre de la Justice a demandé que le procureur général ouvre une enquête sur les « violences politiques » perpétrées au Sénégal de 2021 à 2024. Au cours de cette période, Amnistie internationale a effectué des recherches et dénoncé l’homicide d’au moins 65personnes lors de manifestations, ainsi que les arrestations arbitraires ayant visé des centaines de personnes en amont des élections présidentielles de 2024. 

 Slovénie: Le 31 juillet, la Slovénie a totalement interdit le commerce des armes avec Israël, qu’il s’agisse de leur importation, de leur exportation et de leur transfert, devenant le premier État membre de l’UE à prendre cette décision. 

 Une semaine plus tard, le 6 août, le gouvernement slovène a également interdit l’importation des marchandises en provenance d’Israël ayant été produites au sein des colonies israéliennes illégales dans le Territoire palestinien occupé. 

 Amnistie internationale Slovénie, aux côtés d’autres organisations non gouvernementales et avec le soutien de la société civile, exhortait de longue date le gouvernement à adopter ces mesures. 

Août 

 Israël et le Territoire palestinien occupé : Le 24 juillet, un tribunal israélien a levé l’interdiction de voyager visant Ahmad Khalefa, un citoyen palestinien d’Israël, lui permettant d’accepter l’invitation d’Amnistie internationale, qui le conviait à se rendre en Italie avec sa famille. Amnistie internationale a organisé le voyage pour Ahmad, fournissant une lettre d’invitation de son bureau italien, qui a été produite devant le tribunal par ses avocats du Centre Adalah pour contester l’interdiction de voyager, ce qui a considérablement renforcé sa demande. 

 L’interdiction a été imposée à Ahmad dans le cadre des conditions relatives à sa libération en février 2024, après qu’il a été incarcéré pendant près de quatre mois pour avoir scandé des slogans durant une manifestation contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza.   

 Après être rentré d’Italie, Ahmad a remercié Amnistie internationale : « Ce voyage nous a beaucoup apporté, à ma famille et moi - nous avons vraiment apprécié. Voir l’attention et les efforts déployés dans l’organisation de ce voyage a énormément compté, et le séjour nous a donné la possibilité de souffler et de profiter de bons moments ensemble. » 

 Syrie: En 2023, Ahmad Aabo, un demandeur d’asile syrien, a vu sa protection temporaire révoquée alors qu'il vivait en Turquie, après qu’il a été établi qu’il était séropositif. Le 26 août 2025, son statut a été rétabli après des appels en ce sens de la part d’Amnistie internationale. Son accès à des soins de santé gratuits a été rétabli à la suite de la réactivation de sa couverture sociale. 

 « L’Action urgente m’a permis de respirer à nouveau. Je tiens à adresser ma profonde gratitude à tout le monde. J’ai été persécuté et détenu uniquement en raison de ma séropositivité. J’avais peur d’être arrêté à chaque fois que je voyais un policier », a déclaré Ahmad Aabo. 

 « J’ai de nouveau des papiers, j’ai retrouvé mes droits. C’est grâce à l’Action urgente. Vous remercier ne suffit pas. Je souhaite que personne n’ait à vivre ce que j’ai vécu. Les personnes vivant avec le VIH doivent être soutenues. Elles ne doivent pas être torturées. Je remercie toutes les personnes qui ont signé des appels en ma faveur, toutes celles qui ont été à mes côtés, du fond du cœur. » 

 Turquie : Amnistie internationale a lancé une Action urgente ayant aidé à obtenir la libération de trois militant·e·s - Hivda Selen, Sinem Çelebi et Doğan Nur - qui ont été soumis à une arrestation arbitraire le jour de la marche des fiertés LGBTI+ d’Istanbul et ont été placés en détention provisoire sur la base d’accusations infondées. 

 Doğan Nur a été remis en liberté le 30 juillet, après que son avocat a interjeté appel. Le 8 août, Sinem Çelebi et Hivda Selen ont été relâchées lors de la première audience dans le cadre d’une action en justice visant 53 personnes. 

« Les pratiques répressives et dissuasives toujours plus étendues, associées aux détentions, sont devenues une forme de châtiment en Turquie. Dans ce climat, il est plus vital que jamais d’établir une solidarité sociale et de dénoncer l’illégalité croissante », a déclaré Doğan Nur. 

 « Concernant l’Action urgente lancée par Amnistie internationale en notre faveur, un grand nombre de personnes en ont entendu parler et se sont jointes à la quête de justice afin de garantir que cette détention illégale prenne fin. Je voudrais remercier Amnistie internationale et ses sympathisant·e·s pour leur contribution à ce processus. La solidarité nous permet de continuer ! » 

 Septembre 

 Égypte: Alaa Abdel Fattah, de nationalités égyptienne et britannique, est un militant, auteur et développeur de logiciels. Il s’est fait connaître lors de la révolution égyptienne de 2011 et a été pris pour cible à plusieurs reprises par les autorités égyptiennes en raison de son militantisme pacifique et de ses critiques à l’égard du gouvernement. Sa dernière arrestation remonte au 29 septembre 2019, dans le cadre d’une répression généralisée des manifestations. En décembre 2021, il a été condamné à cinq ans de prison par une cour de sûreté de l'État instaurée par la législation d’exception, sur la base d’accusations fallacieuses de « diffusion de fausses informations » liées à une publication sur les réseaux sociaux. 

 Il devait être libéré en 2027, car les autorités égyptiennes ont décidé de ne pas déduire la durée de sa détention provisoire de sa peine d’emprisonnement. 

Amnistie internationale et Amnistie internationale Royaume-Uni ont fait campagne pour sa libération. Il a finalement bénéficié d’une grâce présidentielle et a été remis en liberté en septembre 2025. Sa libération n’aurait jamais pu avoir lieu sans la mobilisation sans faille de sa mère, Laila Souif, et de ses sœurs, Mona et Sanaa Saif, et des pressions inlassables qu’elles ont exercées. 

 Turquie : Des dizaines de milliers d’appels envoyés par des militant·e·s d’Amnesty ont aidé à obtenir la libération d’Enes Hocaoğulları, défenseur des droits humains et militant LGBTI+, placé en détention provisoire après qu’il a critiqué, lors d’un discours au Conseil de l’Europe en mars 2025, la répression menée contre des manifestations de masse ayant suivi l’arrestation et l’emprisonnement d’Ekrem İmamoğlu, le maire d’Istanbul. 

 Il est rentré en Turquie le 5 août et a été immédiatement arrêté par la police, puis placé en détention provisoire par un tribunal d’Ankara le jour même. Le 8 septembre, il a été remis en liberté à l’issue de sa première audience, après qu’Amnistie internationale a lancé une Action urgente en sa faveur. Sa prochaine audience a été fixée au 23 février 2026. 

 À la suite de sa libération, Enes Hocaoğulları a déclaré : 

 « Grâce à une campagne qui a porté ses fruits, ma détention provisoire a été levée lors de ma première audience. Le combat n’est cependant pas terminé pour moi, ni pour la liberté d’expression plus largement. Mais il va sans dire que je serais dans un endroit très différent sans le succès de ces campagnes – surtout de celle coordonnée et menée par Amnistie internationale. 

 « Je fais partie des défenseur·e·s des droits humains qui ont de la chance. Il y en a tant d’autres qui subissent et continueront de subir des représailles en raison de leur militantisme, qui ne reçoivent pas de soutien ou si peu. Pour vous rappeler l’importance de la protection des défenseur·e·s des droits humains et l’efficacité de ce type de campagne, je vous laisse ces mots d’un poète romain : "Qui garde les gardiens ?" Et je vous demande : "Qui défend les droits des défenseur·e·s des droits humains ?" » 

 Burkina Faso: L’Assemblée législative de transition du Burkina Faso a adopté le 1er septembre une loi qui fixe l’âge minimum pour se marier à 18 ans, pour les garçons comme pour les filles, établissant le consentement comme la base du mariage. 

 Amnistie internationale demande de longue date la fin des violences fondées sur le genre, notamment du mariage forcé, dans le cadre de son programme d’éducation aux droits humains. En tant que membre actif de la Coalition nationale contre le mariage des enfants, Amnistie internationale a également suggéré des modifications au projet de loi visant à augmenter l’âge minimum pour se marier jusqu’à 18 ans, pour les garçons comme pour les filles, et s’est prononcée en faveur de l’adoption de ce texte. 

 Octobre 

 Afghanistan : Après des mois de plaidoyer de la part de la Sports & Rights Alliance et d’Amnistie internationale, la FIFA a finalement annoncé qu’elle établirait et financerait une équipe de réfugiées afghanes. 

 L’équipe féminine de football d’Afghanistan, créée en 2007, a été dissoute après que les talibans ont pris le pouvoir en 2021, et les joueuses ont été contraintes de quitter le pays par crainte de représailles. Depuis leur départ d’Afghanistan, les membres de l’équipe ont continué à se battre pour le droit de jouer et de représenter leur pays. 

 En octobre, la FIFA a organisé un tournoi au Maroc afin que l’équipe puisse disputer ses premiers matchs internationaux contre le Tchad, la Tunisie et la Libye. L’équipe a été renommée Afghan Women United. 

Khalida Popal, fondatrice et ancienne capitaine de l’équipe, a déclaré : « Nous nous battons depuis si longtemps, que c’en est épuisant, c’est trop. Mais au bout du compte, quand on voit les joueuses retourner sur le terrain, on se dit que tout cela vaut la peine. Voir cette génération de jeunes femmes représenter leur pays valait la peine. Ce fut très émouvant pour moi. » 

Novembre 

 Grèce : Après une campagne d’Amnistie internationale, le responsable des garde-côtes grecs, ainsi que trois hauts gradés, ont été inculpés pour leur rôle dans le naufrage du Pylos, au cours duquel 600 personnes sont mortes. Cela a fait suite aux charges retenues contre 17 officiers en mai. 

 Argentine: Des avancées ont été obtenues dans le cadre du combat pour la justice au nom de Sofía Fernández, une femme trans de 39 ans morte en garde à vue en avril 2023, à Pilar, dans la province de Buenos Aires, deux jours après son arrestation par la police locale. En juillet, les charges retenues contre neuf des 10 agents inculpés dans cette affaire ont dans un premier temps été abandonnées ; en novembre, la cour d’appel a ordonné que les 10 policiers soient jugés. 

 Trois d’entre eux sont accusés d’homicide avec circonstances aggravantes à caractère transphobe et commis par des policiers. 

 Amnistie internationale soutient la famille de Sofía depuis plus de deux ans, fournissant une assistance financière pour les rapports d’experts et les services d’un avocat. 

 Libye: À la suite d’enquêtes sur la vague d’homicides, d’arrestations arbitraires, et de disparitions forcées d’hommes toubous dans le sud-est de la Libye, Amnistie internationale a demandé au parquet libyen de mener une enquête impartiale, transparente et approfondie sur les violations recensées par l’organisation contre des hommes toubous. Deux semaines plus tard, le parquet s’est exprimé sur Facebook, annonçant l’ouverture d’enquêtes ou le renvoi des accusés devant un tribunal, en relation avec l’homicide d’hommes toubous. À la même période, les autorités ont également relâché au moins 12 hommes arrêtés durant la vague constatée par Amnistie internationale. 

Finlande : En novembre, le gouvernement finlandais a adopté son quatrième Plan d’action nationale sur les droits humains et fondamentaux. Le but de ce plan d’action est de renforcer les structures de l’état de droit et de promouvoir la concrétisation des droits humains en Finlande. Cela survient après le lancement d’une campagne d’Amnistie internationale Finlande qui se poursuit à l’heure actuelle. 

Malaisie : Dans un cas historique, l’épouse d’un pasteur qui a été soumis à une disparition forcée il y a huit ans a gagné un procès contre la police et le gouvernement. 

Raymond Koh a été traîné hors de sa voiture par des hommes masqués dans la banlieue de la capitale, Kuala Lumpur, en 2017. On ignore toujours où il se trouve et sa famille soutient de longue date qu’il a été emmené par des policiers. Amnesty réclame l’établissement des responsabilités dans cette affaire depuis des années, en soutien aux familles et avocats œuvrant pour la justice. 

Cependant, en novembre, la haute cour de Kuala Lumpur a estimé qu’il avait été victime d’une disparition forcée, dont le juge a attribué la responsabilité au gouvernement et aux policiers l’ayant enlevé. Il s’agit du premier jugement de ce type en Malaisie. 

 Guinée: Un calendrier fixe et structuré de paiements a été proposé à des travailleurs liés à la Société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéas (Soguipah), grâce à des appels lancés par Amnistie internationale. 

En octobre, Amnistie internationale a publié un rapport révélant que les droits de travailleurs étaient bafoués dans des plantations associées à la Soguipah. Le rapport a souligné que des planteurs familiaux rattachés à la Soguipah subissaient souvent des retards de paiement et étaient rémunérés à des niveaux inférieurs au prix du marché. 

 Amériques : L’engagement en faveur de la création d’un mécanisme pour une transition juste a été le principal succès remporté lors de la COP30, le sommet annuel des Nations unies pour le climat,qui s’est tenue au Brésil. Une fois établie, cette victoire obtenue de haute lutte grâce aux pressions de la société civile, ainsi qu’à des organisations telles qu’Amnistie internationale, rationalisera et coordonnera les efforts actuels et futurs visant à protéger les droits des travailleurs et travailleuses, et des autres personnes et communautés touchées par la sortie progressive des énergies fossiles. Le nouveau Plan d'action sur les questions de genre prévoit par ailleurs d’importantes dispositions de protection pour les défenseures de l’environnement. 

 Tunisie : Au bout de 18 mois d’emprisonnement injuste, l’avocate et personnalité médiatique tunisienne Sonia Dahmani a bénéficié d’une libération conditionnelle

 Amnesty s’est mobilisée pour la libération de Sonia Dahmani depuis son arrestation et sa condamnation sur la base de charges infondées de « diffusion de fausses nouvelles » en 2024. L’organisation a lancé des Actions urgentes en sa faveur, et le cas de Sonia a été retenu pour la campagne Écrire pour les droits cette année. 

 Ce résultat montre de manière concrète que des pressions persistantes et des témoignages de solidarité peuvent réellement faire bouger les choses. Nous continuerons de soutenir Sonia dans le cadre de la campagne Écrire pour les droits en demandant aux autorités tunisiennes d’annuler ses condamnations injustes et d’abandonner toutes les autres charges retenues contre elle. 

Décembre 

Cette année encore, la campagne Écrire pour les droits appelle des millions de personnes à se réunir autour d’un objectif commun : changer la vie de personnes du monde entier dont les droits ont été bafoués. En prenant quelques minutes pour écrire une lettre, publier un message sur les réseaux sociaux ou signer une pétition, nous pouvons toutes et tous changer le monde et sauver une vie.  

« Ensemble, nous prouverons que même dans les circonstances les plus défavorables, l’humanité peut, doit et va triompher », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie internationale.