Le retrait du CICR marque un nouveau recul dans le conflit qui anéantit les civils
Réagissant à la décision prise par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de retirer du Yémen 71 membres de son personnel en raison de l'insécurité persistante, des menaces et des entraves à leur travail, Samah Hadid, directrice des campagnes pour le Moyen-Orient à Amnistie internationale, a déclaré :
« Il est vraiment affligeant d'apprendre que des travailleurs humanitaires, qui se trouvent au Yémen pour sauver des vies, sont eux-mêmes contraints de fuir pour sauver leur propre vie. Le civils yéménites pris au piège de la guerre et de l'une des pires crises humanitaires au monde viennent de perdre une précieuse planche de salut.
« Le CICR qui vient en aide aux victimes du conflit armé et des violences qui déchirent le Yémen depuis plus de cinquante ans, a à de multiples reprises vu ses activités bloquées et subi des menaces et des attaques le visant directement. Le fait de bloquer l’aide humanitaire est une violation du droit international humanitaire. En fait, les attaques visant délibérément le personnel humanitaire constituent des crimes de guerre.
« Si le conflit s'est avéré trop dangereux pour le personnel humanitaire, il est certainement aussi trop dangereux pour les civils qui ont besoin de protection de toute urgence. Nous réitérons l'appel que nous avons lancé à d'innombrables reprises au cours des trois dernières années de conflit au Yémen : toutes les parties doivent respecter et protéger le personnel humanitaire et ses installations, et prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils pris dans les rets du conflit. »
Complément d’information
Le 21 avril 2018, le responsable des visites du CICR aux personnes détenues au Yémen, Hanna Lahoud, ressortissant libanais, a été mortellement blessé quand des hommes armés non identifiés ont tiré sur le véhicule du CICR dans lequel il se trouvait, dans la banlieue de Taïz.
Amnistie internationale a rassemblé des informations sur des cas d'attaques menées par les forces anti-Houthis contre des hôpitaux et du personnel de santé à Taïz, et des cas où les forces houthies ont procédé à des tirs de mortiers qui ont frappé des zones civiles, notamment un hôpital dans le gouvernorat de Hodeidah, tuant un pharmacien et une infirmière.
Les frappes aériennes de la coalition menée par l'Arabie saoudite contre des biens de caractère civil ont également mis en danger des travailleurs humanitaires. Le Conseil norvégien pour les réfugiés a dénoncé une frappe aérienne menée le 5 juin par la coalition conduite par l'Arabie saoudite non loin de l'une de ses installations à Sanaa.
Le 22 juin, Amnistie internationale publiera un nouveau document sur les restrictions à l'aide humanitaire et à l'acheminement de biens de première nécessité observées dans le cadre du conflit au Yémen.