L'État doit répondre d'une opération de sécurité meurtrière
L'opération menée par les forces de sécurité en vue d'arrêter Óscar Pérez, ancien responsable de la CICPC (police scientifique), et d'autres personnes qui s'étaient opposées au gouvernement pourrait être illégale et soulève de multiples inquiétudes quant à de graves violations des droits humains et même des crimes relevant du droit international, a déclaré Amnistie internationale.
Selon des informations officielles, le 15 janvier 2018, à El Junquito dans l'État de Miranda, au Venezuela, l'opération de sécurité s'est traduite par la mort d'au moins neuf personnes, et par cinq blessés. Elle s’inscrit dans le sillage des opérations de maintien de l'ordre faisant usage de la force meurtrière, qui ont déjà causé des milliers de victimes à travers le pays.
Lors de l'opération, des membres des forces de sécurité ont utilisé une arme de type militaire qui est non seulement destinée à tuer, mais qui ne laisse guère de chances de survie. En outre, l'usage de cette arme a mis en danger la vie de personnes aux alentours.
« Le gouvernement vénézuélien doit veiller à ce que des instances civiles mènent dans les meilleurs délais une enquête impartiale, exhaustive et indépendante sur l'usage intentionnellement meurtrier de la force au cours de cette opération et démontrer qu'il ne s'agissait pas d'une exécution extrajudiciaire », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnistie internationale.
D'autres graves allégations relayées dans les médias concernent des personnes qui n'appartiennent pas aux forces de sécurité ayant participé à l'opération, ainsi que le refus de donner des informations aux familles des victimes. Selon de graves allégations reçues par Amnistie internationale, les morts seront incinérés sans l'accord de leurs proches et sans que les mesures d'investigation nécessaires n'aient été prises.
« Si les faits n'ont pas encore été clairement établis, les autorités avancent des justifications sur ce qui s'est produit lors de l'opération. Hélas, ce n'est pas la première fois que les autorités vénézuéliennes justifient le recours mortel à la force sur la seule base d'allégations d'" activités criminelles ", au mépris de l'état de droit », a déclaré Erika Guevara Rosas.
Aux termes du droit international, il n'est pas permis lors des opérations de sécurité de recourir à une force intentionnellement meurtrière lorsqu’elle risque aussi de tuer d'autres personnes ne représentant pas de menace grave et imminente. Les autorités sont tenues de prendre toutes les précautions possibles afin d'éviter ces homicides et, lorsque cela n'est pas possible, s'abstenir de recourir à un usage intentionnellement meurtrier de la force.
L'État vénézuélien doit se conformer pleinement à ses obligations internationales et veiller notamment à ce que les forces de sécurité usent de la force dans le respect des principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité et d'obligation de rendre des comptes.