Les autorités, complaisantes à l'égard des groupes d'extrême-droite, manquent à leur devoir envers les défenseurs des droits des femmes
En réaction aux attaques récentes contre les défenseurs des droits des femmes et à la veille du procès de la militante Olena Chevtchenko, prévu le 15 mars, Oxana Pokaltchouk, directrice d'Amnistie internationale Ukraine, a déclaré :
« En engageant des poursuites contre Olena Chevtchenko, les autorités ukrainiennes montrent jusqu'où elles sont prêtes à aller pour plaire aux groupes d'extrême-droite dont les menaces et les violences ont marqué les manifestations de la Journée internationale des droits des femmes dans le pays.
« Les scènes détestables auxquelles nous avons assisté au tribunal démontrent une nouvelle fois que les autorités ukrainiennes manquent à leur devoir de protection envers les militants des droits des femmes s’agissant des violences imputables à l'extrême-droite, qu'elles soient le fait de mouvements organisés, de réseaux informels ou d’individus. Cela donne lieu à une situation très inquiétante dans laquelle les radicaux croient qu'ils peuvent agresser, menacer et humilier des femmes en toute impunité. »
Complément d’information
Cette année en Ukraine, les marches en faveur des droits des femmes à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes ont été marquées par des violences d'extrême-droite contre les manifestants pacifiques. Ces agressions se sont déroulées pendant et après les manifestations à Kiev, Lviv et Oujgorod.
À Oujgorod, six agresseurs qui ont jeté de la peinture sur les défenseurs des droits des femmes et les ont menacés de violence ont été arrêtés, avant d'être relâchés peu après. À Lviv, des briques ont été lancées sur un wagon de tram à bord duquel se trouvaient des militants qui quittaient la manifestation. Malgré les preuves vidéo disponibles, personne n'a été arrêté pour ces agissements. Plus tard ce jour-là, un autre participant à la manifestation a souffert d'une fracture du crâne après avoir semble-t-il été battu par des militants d'extrême-droite près de chez lui.
À Kiev, non seulement la police ne s’est pas interposée face aux assaillants, qui ont jeté de la peinture sur les participants après la marche, mais elle a arrêté l'une des organisatrices, Olena Chevtchenko, pour violation présumée d'un ordre en vue d'organiser des rassemblements publics. Le 12 mars, une audience consacrée à cette affaire s'est tenue au tribunal de Kiev, mais a dû être reportée, une vingtaine d’hommes ayant pénétré dans l'enceinte du palais de justice et menacé de violences Olena Chevtchenko et son avocate Oxana Gouz. Elles ont dû faire appel à un service de sécurité privé pour pouvoir quitter les lieux.
La prochaine audience est fixée au 15 mars. Olena Chevtchenko et Oxana Gouz craignent pour leur sécurité et leur bien-être, car elles sont la cible de menaces répétées de membres de groupes d'extrême-droite ou de personnes qui leur sont associées.