• 15 Mar 2018
  • Syrie
  • Communiqué de presse

Ghouta orientale. Ils luttent pour survivre, nous luttons pour eux

Qu’est-ce que cela fait d’avoir faim pendant des jours et des jours ? De ne pas pouvoir donner de médicaments à ses enfants malades, ni de quoi les nourrir ? De devoir laver ses aliments avec de l'eau sale contaminée ? Vous êtes-vous déjà demandé ce que ça fait de ne pas dormir et de passer de longues nuits sous les bombardements et les tirs d'artillerie, terrifiés pour votre vie et celle de vos proches ? De regarder votre maison brûler et la ville où vous avez grandi disparaître sous les décombres ? Je ressasse ces questions chaque jour lorsque je m'entretiens avec des civils pris au piège en Ghouta orientale, en Syrie.

C'est leur réalité aujourd'hui. Cette région aux alentours de Damas, dont la superficie n’excède pas 100 km2, abrite 400 000 personnes assiégées par les forces gouvernementales syriennes depuis fin 2012, qui subissent de graves pénuries de nourriture, d'eau, de médicaments et autres produits vitaux. La situation en Ghouta orientale s'est aggravée en novembre 2017, lorsque le gouvernement syrien – appuyé par la Russie – a durci le siège et intensifié la campagne de bombardements, ciblant délibérément les civils et les infrastructures civiles, dont les hôpitaux et les marchés.

Malgré le tollé international et l'adoption de la résolution 2401 du Conseil de sécurité de l’ONU le 24 février, demandant la cessation des hostilités pendant 30 jours en Syrie afin de permettre l’acheminement d'aide humanitaire, les bombardements quotidiens se poursuivent. Ils ont contraint le convoi d'aide humanitaire de l'ONU arrivé le 5 mars – le premier depuis le mois de novembre – à quitter la Ghouta orientale sans avoir livré toute l’aide qu’il transportait.

La Syrie est en proie à un terrible conflit depuis sept ans. Sept années marquées par la mort, la destruction, la peur et la douleur à Alep, Homs, Deir Ezzor, Raqqa, Idlib, Afrin et tant d'autres villes, villages et foyers. Durant six de ces sept années, les civils en Ghouta orientale ont enduré un siège illégal. Pourtant, ils survivent.

Lorsque je m'entretiens avec des personnes prises au piège en Ghouta orientale, affamées, épuisées et en colère, mais courageuses et déterminées, luttant de toutes leurs forces pour survivre, je me sens à la fois humble et inspirée. La Ghouta orientale est marquée par la mort, mais aussi par la résilience de ceux qui s'efforcent de survivre. Leur tragédie fait honte au monde, mais leur force et leur détermination devraient nous inciter à agir.

Alors que la crise syrienne sévit depuis sept ans, nous allons au-delà des espoirs, des souhaits et des prières. Aujourd'hui, place à la mémoire, aux revendications et aux actions pour la Ghouta orientale, où le bilan ne cesse de s'alourdir – plus de 420 morts recensés. Nous exigeons que le président syrien Bachar el Assad et son homologue russe Vladimir Poutine mettent fin aux attaques contre les civils et lèvent le siège de la Ghouta orientale immédiatement. Joignez votre voix à la nôtre.

Les civils en Ghouta orientale continuent de lutter pour survivre. Nous continuons de lutter pour eux.

Témoignages

Nous demandons à l'ONU d'exercer des pressions en faveur de la levée du siège visant les civils, il y a des femmes, des enfants et des patients parmi nous. Nous avons recensé plus de 100 000 enfants souffrant de maladies graves et chroniques, sans traitements disponibles. Les cas de malnutrition ici sont une honte pour l'humanité. – Une médecin de la Ghouta orientale

Les mères allaitantes ne peuvent pas allaiter leurs bébés du fait de la malnutrition, car elles se nourrissent principalement d'orge, qui leur sert à faire du pain. – Un militant de la Ghouta orientale

La Ghouta connaît une pénurie d'aliments de base, d'eau potable, d'électricité, de gaz de cuisine et d'essence. Les cas de malnutrition parmi les enfants et les adultes sont monnaie courante, tout comme les cas de maladies. – Une médecin de la Ghouta orientale

Les hôpitaux et les centres médicaux sont pris pour cibles. Mon hôpital a été touché trois fois. Même les ambulances sont visées. Nous sommes contraints de travailler en souterrain la plupart du temps, dans des environnements insalubres, mais nous faisons de notre mieux pour répondre aux besoins des malades et des blessés. – Une médecin de la Ghouta orientale