Des démolitions de logements font des dizaines de sans-abri
Des dizaines de personnes, dont plus de 30 enfants, se sont retrouvées sans abri lorsque leurs logements ont été démolis par des bulldozers, en présence de 20 policiers armés, dans la zone agricole d’Embetseni, à Malkerns, a déclaré Amnistie internationale le 10 avril 2018.
Cette démolition, qui a entraîné l’expulsion forcée de 61 personnes, s’est déroulée le 9 avril. Certaines de ces personnes, désormais privées de logement, ont passé la nuit dans un poulailler.
« Cette récente démolition de logements met en lumière la triste réalité à laquelle de nombreuses personnes sont confrontées actuellement au Swaziland. Ces dernières années, des centaines de personnes ont été forcées à quitter leur domicile pour céder la place à des projets immobiliers, a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe du programme Afrique australe à Amnistie internationale.
« Bien qu’ils soient censés être protégés par la loi, les Swazis ordinaires semblent démunis face aux expulsions forcées sous-tendues par des projets immobiliers. »
Les normes internationales relatives aux droits humains imposent de suivre une procédure en bonne et due forme, même lorsque les expulsions sont considérées comme justifiées. Personne ne devrait se retrouver sans abri à la suite d’une expulsion.
Aucune solution de relogement n’a été proposée aux personnes concernées. Certaines se sont réfugiées dans une école, d’autres ont dormi dehors, à l’endroit même où leurs biens avaient été détruits, ou encore dans un poulailler. Une famille a passé la nuit dans la résidence du chef.
Amnistie internationale a connaissance d’au moins deux expulsions imminentes qui sont prévues dans les régions de Madonsa et de Mbondzela, dont la population vit sous la menace d’une telle opération depuis plusieurs années.
« Les expulsions sans merci qui se déroulent en ce moment ne font qu’aggraver la situation de ces personnes déjà pauvres et les font basculer dans une précarité extrême. Lorsqu’une personne est jetée à la rue, sans solution de relogement, que peut-elle faire ? a déclaré Muleya Mwananyanda.
« Il faut que les autorités swazies fassent cesser ces expulsions forcées, mettent en place des garanties juridiques et procédurales conformes aux normes internationales relatives aux droits humains et fournissent des recours efficaces à toutes les personnes victimes d’une expulsion forcée par le passé. »
Complément d’information
L’expulsion des habitants d’Embetseni faisait suite à une décision rendue en juillet 2017 par la Haute Cour. Elle s’est déroulée en présence d’un huissier de la Haute Cour siégeant à Mbabane et de 20 policiers armés.
Le terrain en question fait l’objet d’un différend de longue date entre les familles qui y sont installées et l’entreprise agricole privée à laquelle il appartient.
Le 6 avril, un policier a informé officieusement les occupants qu’ils risquaient d’être expulsés sous peu. En réaction à ces rumeurs, les habitants ont organisé une réunion avec des représentants de la police nationale le lendemain soir. Lors de l’entretien, ils se sont vu remettre le jugement de la Haute Cour en date du 14 juillet 2017 qui ordonnait leur expulsion.
Le Swaziland procède depuis longtemps à des expulsions forcées, sur lesquelles Amnistie internationale a recueilli des informations.