Suisse. Les autorités doivent abandonner les charges retenues contre un prêtre ayant fait preuve de compassion à l'égard d'un demandeur d'asile
Les autorités suisses doivent abandonner les charges retenues contre un pasteur qui a offert le gîte et des repas à une personne dont la demande d'asile a été rejetée, a déclaré Amnistie internationale alors que le ministère public doit rendre le 25 octobre sa décision quant aux suites qu’il donnera à cette affaire.
La police est venue chercher Norbert Valley un dimanche matin à l'église pendant le service religieux pour l'interroger. Il lui est reproché d’avoir « facilité le séjour illégal » d’un ressortissant togolais. Comme il a refusé de payer une amende s'élevant à 1 000 francs suisses, le parquet doit rendre le 25 octobre une décision quant aux suites qu’il donnera à cette affaire.
« Le fait de réprimer pénalement un acte de compassion est absurde et il montre jusqu'où les autorités sont prêtes à aller pour tenter d'empêcher les activités humanitaires des personnes qui veulent aider les réfugiés et les demandeurs d'asile, a déclaré Cyrielle Huguenot, chargée de campagne sur les migrations à Amnistie internationale Suisse.
« Norbert Valley n'a rien fait de mal. Il a simplement fait preuve de gentillesse à l'égard d'une personne en difficulté et il devrait être félicité pour cette attitude, et non condamné à une amende. »
Le pasteur Norbert Valley a été interrogé en février par la police qui est allée le chercher dans son église à Le Locle pendant son sermon du dimanche.
Il lui a été reproché, au titre de l'article 116 de la Loi sur les étrangers, d’avoir « facilité le séjour illégal d’un ressortissant togolais, en lui offrant le gîte et des repas à plusieurs reprises ».
En cas d'inculpation, le pasteur Norbert Valley fera l'objet de poursuites au pénal.
« Malheureusement, le cas du pasteur Norbert Valley n'est pas exceptionnel : il est le dernier en date d'une série de cas signalés à travers l'Europe où les autorités ont utilisé des lois sur l'immigration et la lutte contre le trafic d'êtres humains pour réprimer pénalement des actes de solidarité, a déclaré Cyrielle Huguenot.
« Dans ces affaires, il ne s'agit pas seulement de poursuivre en justice des personnes, mais aussi de créer un climat de dissuasion et de stigmatisation à l'égard de ceux qui font preuve d'un respect élémentaire de la personne humaine. Le cas du pasteur Norbert Valley est devenu emblématique de l'attitude de tous ceux qui refusent de se laisser intimider et réduire au silence, et les charges retenues contre lui doivent être abandonnées. »
Des porte-parole d'Amnistie internationale et de la Communauté Sant'Egidio se tiendront devant le ministère public de Neuchâtel le 25 octobre pour témoigner de leur solidarité avec le pasteur Norbert Valley.
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