La militante palestinienne Ahed Tamimi, mineure, a été condamnée à huit mois de prison
L’incarcération d'Ahed Tamimi, militante mineure palestinienne, est une manœuvre flagrante visant à intimider ceux qui osent contester les circonstances de l'occupation, a déclaré Amnistie internationale le 21 mars 2018, en apprenant sa condamnation à huit mois de prison et à une amende de 5 000 shekels (environ 1160 euros), assortie d'une peine de trois ans avec sursis, aux termes d’un accord sur sa peine conclu devant le tribunal militaire d'Ofer, en Cisjordanie occupée.
Ahed Tamimi, 17 ans, a été accusée de coups et blessures et de 11 autres chefs d'inculpation, après qu'une vidéo dans laquelle on la voit bousculer, gifler et frapper du pied deux soldats israéliens dans son village natal de Nabi Saleh, le 15 décembre 2017, a fait le buzz sur Facebook.
« En condamnant Ahed Tamimi à huit mois de prison, les autorités israéliennes confirment qu’elles n’accordent guère d’importance aux droits des mineurs palestiniens et n'ont pas l'intention de revenir sur leurs politiques discriminatoires. Aux termes de la Convention relative aux droits de l’enfant, à laquelle Israël est partie, l'arrestation, la détention ou l'incarcération d'un mineur ne doit être utilisée qu'en dernier recours, et pour la plus courte période possible, a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique à Amnistie internationale.
« Cette condamnation illustre une nouvelle fois le mépris des autorités israéliennes à l’égard de leurs obligations s’agissant de protéger les droits fondamentaux des Palestiniens qui vivent sous leur occupation, y compris des mineurs. Ahed Tamimi est mineure. Elle n'a rien fait qui justifie son incarcération prolongée et elle doit être libérée immédiatement. »
Elle a été déclarée coupable de quatre des 12 chefs d'inculpation retenus contre elle, notamment de provocation, de coups et blessures et de deux chefs portant sur le fait d'avoir empêché les soldats de s'acquitter de leur mission. Sa mère Nariman a été condamnée à huit mois de prison et à une amende de 6 000 shekels (environ 1 400 euros), ainsi qu’à trois ans avec sursis pour provocation, complicité dans l’agression d’un soldat et entrave à la mission d’un soldat. La cousine d'Ahed, Noor Tamimi, a écopé d'une amende de 2 000 shekels (465 euros).
« Les autorités israéliennes doivent cesser de réagir à des actes de désobéissance relativement mineurs avec des sanctions aussi disproportionnées. En ciblant sans relâche les Palestiniens, y compris mineurs, qui osent remettre en cause l'occupation répressive d'Israël, elles négligent leurs responsabilités au titre du droit international en tant que puissance occupante. »
Des centaines de mineurs palestiniens sont poursuivis chaque année devant les tribunaux militaires israéliens pour mineurs. Ceux qui sont arrêtés sont systématiquement privés de leurs droits et soumis à des mauvais traitements, voire à des violences physiques. Actuellement, environ 350 mineurs palestiniens se trouvent dans les prisons et les centres de détention israéliens.
Complément d’information
Ahed Tamimi a été arrêtée le 19 décembre 2017, après que sa mère, Nariman, militante bien connue elle aussi, a publié en ligne la vidéo de son altercation avec des soldats israéliens. Nariman Tamimi a été arrêtée plus tard ce jour-là et la cousine d’Ahed, Nour Tamimi, le lendemain matin. Libérée le 5 janvier dans l'attente de son procès, Nour a été condamnée le 21 mars à une période d'emprisonnement correspondant au temps qu'elle a déjà passé en détention.
Ahed s'est opposée aux soldats lors d'une manifestation organisée à Nabi Saleh contre la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël.
Le même jour, un autre cousin d'Ahed, Mohammad Tamimi, 15 ans, a été touché à la tête à bout portant par une balle en caoutchouc tirée par un soldat israélien. Il a été grièvement blessé.