Les exécutions n'éradiqueront pas les violences faites aux femmes
Réagissant à l'arrêt de la Cour suprême concernant une requête en révision déposée par trois des quatre condamnés dans le cadre de l'affaire du viol collectif et du meurtre d'une jeune femme dans un bus à Delhi, en 2012, Asmita Basu, directrice des programmes à Amnistie internationale Inde, a déclaré :
« Hélas, les exécutions ne permettront pas d’éradiquer les violences faites aux femmes. En effet, il n’a jamais été prouvé que la menace de l’exécution ait un effet dissuasif s'agissant des violences sexuelles ou de tout autre crime. En revanche, le gouvernement doit allouer des ressources adéquates à l'application des lois, améliorer les taux de condamnation et garantir que justice soit rendue dans toutes les affaires. La Commission Verma (du nom du juge la présidant), dont les recommandations devaient permettre de réformer la législation relative aux agressions sexuelles et au viol, s'était elle aussi opposée à la peine de mort dans les affaires de viol. »
En 2017, l'Inde comptait parmi les trois pays au monde qui ont élargi le champ d'application de la peine capitale en adoptant de nouvelles lois. En avril 2018, le gouvernement central a validé une ordonnance qui prévoit la peine de mort pour les personnes reconnues coupables de viol sur des jeunes filles âgées de 12 ans ou moins.
« Bien trop souvent, pour montrer leur détermination à lutter contre la criminalité, les législateurs indiens optent pour la peine capitale. Ils choisissent ainsi d’ignorer des solutions plus difficiles à mettre en œuvre mais aussi plus efficaces, qui consisteraient par exemple à améliorer les méthodes d’enquête, les procédures judiciaires et l’accompagnement des familles des victimes. Pour l'heure, ce sont des réformes en profondeur des procédures et des institutions dont l’Inde a besoin pour lutter contre les violences faites aux femmes. »