Yémen. Les Houthis doivent libérer immédiatement un éminent avocat spécialiste des droits humains et mettre fin à la répression implacable de l’espace civique

Les autorités houthies de facto du Yémen doivent libérer immédiatement et sans condition Abdul Majid Sabra, avocat spécialiste des droits humains qui est détenu de manière arbitraire depuis le 25 septembre uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, a déclaré Amnistie internationale mercredi 1er octobre.
« Abdul Majid Sabra est l’un des plus éminents défenseurs des droits humains au Yémen. Il travaille sans relâche depuis des années pour défendre les personnes détenues pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux. Son courage et son engagement ont fait de lui une cible du harcèlement et des menaces incessants des autorités, a déclaré Diala Haidar, chercheuse sur le Yémen à Amnistie internationale.
« Sa détention arbitraire constitue une nouvelle escalade inquiétante des efforts déployés sans relâche par les Houthis pour faire taire toutes les personnes qu’elles jugent critiques à l’égard de leurs politiques. Cette parodie de justice doit prendre fin. La détention d’Abdul Majid Sabra s’inscrit dans le contexte d’une répression généralisée de l’espace civique dans le nord du Yémen, au cours de laquelle les Houthis ont déjà arrêté de nombreuses personnes, dont des travailleurs et travailleuses humanitaires, des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes et des militant·e·s. »
Abdel Majid Sabra a été arrêté le 25 septembre 2025 sur son lieu de travail, à Sanaa, par un groupe composé de membres des forces armées houthies et d’hommes armés en civil. Selon une personne de son entourage, ces hommes lui ont présenté un mandat d’arrêt et déclaré que son arrestation était due à des publications qu’il avait diffusées sur les réseaux sociaux pour commémorer la révolution du 26 septembre 1962.
Les Houthis n’ont pas révélé le lieu où est détenu Abdul Majid Sabra et sa famille n’a pas pu entrer en contact avec lui. Lorsqu’ils l’ont arrêté, ils ont saisi son téléphone portable et des documents liés à son travail. En attendant sa libération, ils doivent veiller à ce qu’il soit protégé contre la torture et les autres formes de mauvais traitements et lui permettre immédiatement de contacter ses proches et ses avocats.
Chaque année le 26 septembre, date anniversaire de la création de la République arabe du Yémen en 1962, des personnes sortent dans la rue le soir avec des torches et des drapeaux du Yémen pour commémorer cet événement. Amnistie internationale a déjà constaté précédemment que les autorités houthies de facto ont arrêté des dizaines de personnes qui s’étaient rassemblées pacifiquement pour commémorer la révolution du 26 septembre 1962.
Cette année, les Houthis ont à nouveau arrêté plusieurs dizaines de personnes qui commémoraient cette date dans les gouvernorats du nord du pays, selon un avocat qui suit la situation de certaines d’entre elles. Cet avocat a indiqué qu’ils avaient intercepté des personnes à des points de contrôle et fouillé leur téléphone pour chercher des contenus liés à la révolution du 26 septembre 1962.
« Il est scandaleux que des personnes commémorant un moment historique national en se rassemblant pacifiquement ou en diffusant des messages sur les réseaux sociaux soient arrêtées. Les années précédentes, Abdul Majid Sabra a été l’un des rares avocats qui ont proposé leurs services à des personnes détenues à la suite des commémorations du 26 septembre, a déclaré Diala Haidar.
« Les Houthis doivent libérer immédiatement Abdul Majid Sabra et toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté de réunion et d’expression. Ils doivent également libérer toutes celles qui restent maintenues en détention arbitrairement, notamment les dizaines de membres du personnel de l’ONU et de la société civile arrêtés et soumis à une disparition forcée en 2024 et 2025. Les Houthis doivent respecter et garantir les droits fondamentaux de toutes les personnes au Yémen. »