• 2 oct 2025
  • Union Européenne
  • Communiqué de presse

Une nouvelle enquête indique que la majorité des Européen·ne·s sont favorables à la protection des droits humains et de l’environnement face aux reculs sur ces terrains dans l’Union européenne  

  •  Interrogés sur l’importance pour l’Union européenne de faire respecter ses propres lois environnementales au sein des États membres, 75% des Européen·ne·s consultés dans 10marchés de l’UE ont répondu que cela était «très» ou «plutôt» important. 
  • Environ trois quarts des adultes sondés par Ipsos dans 10pays de l’UE estiment que les grandes entreprises (250salariés ou plus) devraient être amenées à rendre des comptes pour les atteintes aux droits humains et à l’environnement commises tout au long de leur chaîne de valeur. 
  • Plus de la moitié (58%) soutiennent la Directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité, qui est menacée à l’approche d’un vote crucial au Parlement européen, tandis que seulement 9% s’y opposent. 
  • Près des deux tiers (63%) estiment également que les grandes entreprises devraient être légalement tenues de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. 

Un nouveau sondage Ipsos révèle qu’une grande majorité de personnes (75 %) dans 10 pays européens estiment qu’il est important que l’Union européenne (UE) fasse respecter ses propres lois environnementales. 

 Cette nouvelle enquête, réalisée auprès de 10 861 personnes et commandée conjointement par Amnistie internationale et Global Witness, a également montré qu’environ trois quarts des personnes interrogées estiment que les grandes entreprises devraient rendre des comptes pour les violations des droits humains (75 %) et les dommages environnementaux (77 %) causés tout au long de leurs chaînes de valeur mondiales. Ces conclusions sont rendues publiques à un moment où l’UE envisage d’affaiblir considérablement les protections environnementales et des droits humains, le Parlement européen devant se prononcer le 13 octobre sur une série de lois qui s’inscrivent dans un recul du bloc européen sur le « Pacte vert ». 

 Les député·e·s décideront s’il convient de limiter fortement la portée et les dispositions essentielles de la Directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité, texte historique adopté l’année dernière. Le sondage montre que 58 % des personnes interrogées soutiennent cette directive, tandis que seulement 9 % s’opposent à ces mesures de protection. 

Beate Beller, responsable de campagne pour l’UE au sein de Global Witness, a déclaré : 

« Les Européen·ne·s envoient à Bruxelles un message fort de soutien en faveur d’une action climatique urgente et de la protection des droits humains. L’Union européenne doit honorer ses engagements et résister aux lobbyistes qui tentent d’imposer un nivellement par le bas. Les entreprises ont la responsabilité cruciale de réduire considérablement leurs émissions, et elles doivent être contraintes à prendre des mesures pour lutter contre la crise climatique dès maintenant. » 

  Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie internationale, a déclaré : 

« Les Européen·ne·s veulent que les droits humains et le climat soient protégés, et non pas des règles moins strictes. Revenir sur ces garanties servirait uniquement les intérêts particuliers des milliardaires et des grandes entreprises. Il n’est pas trop tard pour changer de cap. Le Parlement européen doit maintenant faire preuve de courage, résister aux intimidations des entreprises et défendre ces lois au nom des personnes qu’il représente et de la planète dont nous dépendons tous. » 

Le sondage a été réalisé par Ipsos dans 10 pays européens : Allemagne, Danemark, Espagne, France, Italie, Lituanie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie et Suède. 

 Il est important de noter que ces résultats sont susceptibles d’indiquer que la majorité des personnes interrogées comprennent que la lutte contre le changement climatique ne doit pas nécessairement avoir un coût économique pour les ménages. 87 % des personnes interrogées ont déclaré que le coût de la vie avait augmenté dans leur pays au cours des 12 derniers mois. Cependant, à peine 13 % d’entre elles ont ensuite sélectionné « les politiques européennes de lutte contre le changement climatique » comme l’une de leurs réponses lorsqu’on leur a présenté une liste de raisons possibles et demandé de choisir celles qui étaient les plus responsables de cette augmentation. 

 Plus de la moitié (53 %) ont également déclaré qu’il était désormais plus important pour l’UE de faire respecter ses propres lois environnementales, puisque le gouvernement des États-Unis avait réduit ses propres mesures de protection de l’environnement. Seulement 10 % ont déclaré que cela était moins important. 

L’UE doit faire passer les personnes et la planète avant les profits des entreprises 

En 2024, l’UE a adopté la Directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité, une loi historique contraignant les grandes entreprises opérant dans l’UE à identifier, prévenir et atténuer tout impact négatif de leurs activités sur les droits humains et l’environnement à travers le monde. 

 Saluées comme historiques, ces règles ont été conçues pour répondre à l’ambition de l’UE de devenir le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050. Cependant, peu après l’adoption définitive de la loi, la Commission européenne a présenté, le 26 février 2025, la « proposition Omnibus », un ensemble de règles visant à réduire les protections récemment mises en place dans l’UE en matière de risques environnementaux et humains. En réaction, plus de 360 organisations de la société civile dans une cinquantaine de pays ont signé une déclaration commune pour tirer la sonnette d’alarme et s’opposer à ces projets. 

 Ces propositions concernent des lois clés en matière de durabilité des entreprises, telles que la Directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité. Le paquet législatif Omnibus risque d’affaiblir plusieurs dispositions centrales de la Directive : la suppression d’un régime harmonisé de responsabilité civile destiné à offrir une voie de recours claire aux victimes de violations, par exemple les travailleurs et travailleuses exploités, et les personnes déplacées par les entreprises ; la limitation de la portée des obligations de diligence raisonnable aux seuls partenaires commerciaux directs, au lieu de l’ensemble de la chaîne de valeur ; et l’affaiblissement des obligations en matière de transition climatique. 

Une tendance draconienne à la réduction du champ d’application de la Directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité est également apparue, comme le montre la proposition du Conseil de juin dernier.  

 « Le Parlement européen doit désormais montrer la voie en rejetant ces propositions néfastes et en faisant passer les personnes et la planète avant les intérêts des entreprises », a ajouté Beate Beller. 

 « Il n’y a pas de temps à perdre. Nous voulons vivre, travailler et nous épanouir dans un environnement propre et sain. Nous le méritons tous et toutes », a ajouté Agnès Callamard. 

Contexte 

Le 3 avril 2025, le Parlement européen a adopté un mécanisme suspensif, reportant d’un an, soit à juillet 2027, l’application de la Directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité. 

 Le 13 octobre, la commission des affaires juridiques du Parlement européen devrait voter sur sa position concernant la proposition Omnibus, ouvrant ainsi la voie à la position du Parlement et aux négociations entre le Parlement et le Conseil. 

Note technique générale: 

Ipsos a interrogé, pour le compte d’Amnistie internationale et de Global Witness, des échantillons représentatifs d’adultes dans 10 marchés à l’aide de ses services en ligne i:omnibus et ad hoc : 1 092 personnes âgées de 16 à 75 ans en Allemagne, 1 086 personnes âgées de 16 à 75 ans au Danemark, 1 078 personnes âgées de 16 à 75 ans en Espagne, 1 098 personnes âgées de 16 à 75 ans en France, 1 098 personnes âgées de 16 à 75 ans en Italie, 1 063 personnes âgées de 18 à 65 ans en Lituanie, 1 085 personnes âgées de 16 à 75 ans aux Pays-Bas, 1 092 personnes âgées de 16 à 75 ans en Pologne, 1 084 personnes âgées de 16 à 75 ans en Roumanie et 1 085 personnes âgées de 16 à 75 ans en Suède. 

 Le travail sur le terrain s’est déroulé entre le 5 et le 17 septembre 2025. Les échantillons obtenus sont représentatifs des populations nationales, avec des quotas par âge, genre, région et situation professionnelle. Les données ont été pondérées en fonction des proportions connues de la population hors ligne dans chaque marché en termes d’âge, de situation professionnelle, de région administrative et de niveau d’éducation, afin de refléter les populations adultes de chaque marché dans lequel l’étude a été menée. Un ensemble de résultats combinant ces 10 nations européennes ont en outre été fournis, puis pondérés afin de refléter leur taille proportionnelle les unes par rapport aux autres.