Ukraine. Le plan de paix ne doit pas faire de compromis sur la justice ou l’obligation de rendre des comptes
En réaction aux informations faisant état de négociations intenses sur un projet de plan de paix soutenu par les États-Unis pour mettre fin à la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine, la secrétaire générale d’Amnistie internationale, Agnès Callamard, a déclaré :
« Les nouvelles qui nous viennent d’Ukraine quotidiennement sont celles d’une tragédie et d’une souffrance constantes pour sa population. Pourtant, le peuple ukrainien continue de faire preuve de courage et de résilience face aux crimes de la Russie.
« Toute perspective crédible de fin de la guerre d’agression menée par la Russie est bienvenue. Cependant, un arrêt durable des combats ne doit pas être obtenu à n’importe quel prix – notamment si le coût du silence des armes est l’amnistie et l’impunité pour ceux qui se sont rendus coupables d’agression et d’autres crimes de droit international, ou un compromis sur les principes fondamentaux d’un ordre fondé sur des règles.
« Amnistie internationale demande aux négociateurs de veiller à ce que les droits humains et la justice centrée sur les victimes soient placés au cœur de tout accord. Personne ne doit subir de nouvelles violations des droits humains à la suite d’un accord de paix. Toutes les violations en cours doivent cesser immédiatement et les victimes doivent obtenir réparation pour leurs souffrances. La Russie doit ramener sans délai tous les enfants qu’elle a transférés de force depuis l’Ukraine et libérer tous les Ukrainien·ne·s retenus captifs qu’elle détient illégalement, dont beaucoup ont été soumis à une disparition forcée. Qu’il y ait un accord de paix ou non, ces points sont urgents et non négociables. »
Complément d’information
Des discussions avancées seraient en cours sur un potentiel « accord de paix » entre l’Ukraine et la Russie négocié par les États-Unis. Le contenu n’a pas été officiellement révélé, mais des médias ont communiqué sur certaines propositions qui, ajoutées à des commentaires officiels, laissent penser que l’Ukraine est mise sous pression pour accepter une perte de territoire au profit de la Russie et une amnistie de toutes les parties impliquées dans le conflit. Des informations indiquent également que la libération de prisonniers est proposée, mais elles comportent peu de détails.
Amnistie internationale recueille et publie des informations sur les crimes de guerre et les autres graves violations du droit international humanitaire depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie. L’organisation a notamment dénoncé les attaques des forces russes visant délibérément la population et les infrastructures civiles, ainsi que les violations des droits humains qui continuent d’être commises dans les régions occupées par la Russie, telles que le transfert forcé et la déportation de civil·e·s, y compris d’enfants, la détention arbitraire et la disparition forcée de personnes, ou encore la torture, les autres mauvais traitements et la privation du droit à un procès équitable infligés à des civil·e·s détenus et des prisonniers de guerre.