• 4 Juil 2025
  • Serbie
  • Communiqué de presse

Serbie. Les autorités doivent mettre fin à l’usage illégal de la force contre les manifestant·e·s étudiants et enquêter sur tous les signalements de violences policières

Après que des informations ont fait état d’une répression violente et généralisée contre des manifestant·e·s étudiants, pour la plupart pacifiques, à Belgrade et dans d’autres grandes villes de Serbie, pour le sixième jour consécutif depuis le 28 juin, date à laquelle le mouvement étudiant a demandé la tenue d’élections législatives anticipées, Amnistie internationale et Civil Rights Defenders ont déclaré dans un communiqué commun :

« Les images montrant la police anti-émeute serbe s’en prendre sans discernement à des manifestant·e·s pacifiques rassemblés autour de barrages dans la rue et devant les universités de Belgrade sont alarmantes. Les arrestations et les allégations d’usage excessif ou illégal de la force contre des manifestant·e·s étudiants - pendant les manifestations, les arrestations et la garde à vue - se sont multipliées. Les autorités doivent de toute urgence enquêter et donner des explications sur les informations selon lesquelles des individus masqués vêtus en civil s’en sont pris à des manifestant·e·s.

« Si l’État a la responsabilité de garantir l’ordre public et de répondre aux violences individuelles, tout recours à la force doit être une solution de dernier ressort et être strictement nécessaire et proportionné à la réalisation d’un objectif légitime. On ne saurait justifier une réponse brutale face à une opposition pacifique.

« Les autorités serbes doivent faire preuve de retenue et veiller à ce que les citoyen·ne·s puissent participer en toute sécurité aux manifestations et exprimer leur désaccord sans avoir à subir d’actes d’intimidation, de manœuvres de harcèlement ou de violence. Si elles ne le font pas, elles risquent d’aggraver encore les tensions. Les cas d’utilisation illégale de la force par la police doivent faire l’objet d’une enquête indépendante dans les meilleurs délais, et tous les fonctionnaires soupçonnés d’avoir agi de manière illégale doivent être traduits en justice.

« Les dirigeant·e·s de l’UE devraient dénoncer sans équivoque toute violation des droits humains à l’égard de manifestant·e·s, et souligner que garantir le droit de réunion pacifique et le droit à la liberté d’expression doivent rester au cœur du processus d’adhésion de la Serbie à l’UE. »  

Complément d’information

Cette semaine, la répression s’est intensifiée contre des actions civiques en grande partie pacifiques, après que des étudiant·e·s ont réclamé des élections législatives anticipées et érigé des centaines de barrages routiers dans plusieurs villes du pays. Amnistie internationale a reçu des informations selon lesquelles plusieurs centaines d’étudiant·e·s, y compris des lycéen·ne·s, et d’autres manifestant·e·s ont été arrêtés pour divers motifs pénaux et administratifs depuis dimanche 29 juin. Si beaucoup ont été relâchés, des informations font état d’un recours excessif à la force par la police lors des manifestations, des arrestations et de la détention, notamment des passages à tabac ayant entraîné l’hospitalisation de plusieurs étudiant·e·s pour des blessures. 

Samedi 28 juin, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale serbe, Belgrade, pour réclamer des élections législatives anticipées. Cette manifestation était la dernière d’une série d’actions de protestation ayant duré près de huit mois à travers la Serbie. Elles avaient été déclenchées par l’effondrement de la gare de Novi Sad en novembre 2024, qui a tué 16 personnes et suscité des allégations de négligence et de corruption dans les projets d’infrastructure du gouvernement.