• 4 déc 2025
  • République démocratique du Congo
  • Communiqué de presse

RDC. Malgré les accords de paix, les atteintes aux droits humains se poursuivent

Après huit mois d’efforts diplomatiques déployés par les États-Unis et le Qatar en vue de mettre fin au conflit en République démocratique du Congo (RDC), les civil·e·s continuent de subir de graves atteintes aux droits humains commises par le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda, et les Wazalendo, une coalition de groupes armés bénéficiant du soutien de l’armée congolaise. Alors que les présidents du Rwanda et de la RDC s’apprêtent à signer un accord de paix à la Maison Blanche le 4 décembre 2025, Amnesty International a déclaré : 

« La signature prochaine de l’accord de paix entre les présidents de la RDC et du Rwanda à Washington intervient alors que les violences se poursuivent dans l'est de la RDC, causant d’immenses souffrances à la population civile, a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique australe et de l’Est à Amnesty International. 

« Des mois de discussions et la signature de multiples accords à Washington et à Doha n’ont pas eu de véritable répercussion sur la vie des civil·e·s congolais. Le président Donald Trump doit faire pression sur le M23 et sur les dirigeants rwandais et congolais pour qu’ils mettent fin aux atteintes aux droits humains commises à l’encontre des civil·e·s dans le pays, et doit être clair sur le fait qu’ils auront à rendre des comptes à titre individuel quant à leur non-respect de l’accord. » 

Amnesty International a reçu des informations fiables faisant état d’exactions commises par les combattants wazalendo et d’homicides motivés par la vengeance perpétrés par le M23 contre des civils soupçonnés de collaborer avec les Wazalendo. Des dizaines de milliers d’habitant·e·s ont été déplacés au mois d’octobre. Dans certaines zones de la province du Nord-Kivu, beaucoup sont partis vivre dans les forêts, craignant les attaques des groupes armés. 

« Les Congolais·es n’en peuvent plus des discours grandiloquents et du langage diplomatique, a déclaré Tigere Chagutah. Ils sont fatigués d’attendre. Des milliers de civil·e·s sont pris au piège entre deux forces brutales. D’un côté, ils subissent exécutions sommaires, actes de torture, viols collectifs et enlèvements aux mains du M23 soutenu par le Rwanda. De l’autre, ils sont tués, maltraités, enlevés et violés par des combattants wazalendo. 

« Il est dramatique que les diplomates internationaux, notamment des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Union africaine, se dérobent à leurs obligations morales et internationales en n’exerçant pas de pression directe et continue sur les dirigeants rwandais et congolais pour qu’ils cessent de soutenir des groupes armés violents. 

« Les dirigeant·e·s mondiaux ont connaissance des meurtres et des viols commis par les belligérants en RDC et choisissent de les ignorer. Les responsables des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Union africaine doivent se donner comme priorité de faire cesser ces violences. Tant que les soutiens du M23 et des Wazalendo ne subiront aucune conséquence diplomatique, les civil·e·s congolais continueront de souffrir », a déclaré Tigere Chagutah. 

Complément d’information 

Les diplomates américains, congolais et rwandais travaillent depuis le mois d’avril sur l’accord de paix qui doit être signé à Washington. Les responsables rwandais et congolais ont signé un accord de paix à Washington le 27 juin, qui autorise le Rwanda à maintenir ses « mesures défensives » dans l’est de la RDC jusqu’à ce que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les groupes armés qui leur sont affiliés soient « neutralisés ». 

Les FDLR sont un groupe d’opposition armé en activité dans l’est de la RDC, principalement composé de Hutu rwandais. Ce groupe compte dans ses rangs d’anciens éléments de l’Interahamwe et d’anciens soldats rwandais ayant pris part au génocide rwandais de 1994, ainsi que des combattants non impliqués dans ce génocide, dont beaucoup d’ailleurs sont trop jeunes pour y avoir pris part. Le président rwandais Paul Kagame a qualifié les FDLR de « menace existentielle » pour le pays. 

Le 15 novembre 2025, au Qatar, le Rwanda et le M23 ont signé un cadre pour un accord de paix destiné à mettre un terme aux combats en RDC. Cet accord se décline en huit protocoles, qui doivent pour la plupart encore être négociés par les deux parties.