L’intensification de l’offensive israélienne dans la ville de Gaza aura des conséquences catastrophiques et irréversibles pour les Palestinien·ne·s

Israël doit immédiatement suspendre l’offensive générale lancée contre la ville de Gaza et les projets visant à déplacer des centaines de milliers de ses résident·e·s, qui exacerberont le niveau déjà insupportable de souffrance pour la population civile, Israël menant une campagne de famine forcée et commettant un génocide contre les Palestinien·ne·s de la bande de Gaza occupée, a déclaré Amnistie internationale vendredi 5 septembre.
Ces derniers jours, Israël a intensifié ses attaques militaires contre la ville de Gaza, tuant des dizaines de civil·e·s, détruisant des logements et d’autres biens de caractère civil, notamment dans les quartiers de Sheikh Radwan, Zeitoun et Shejaiyah. Israël a également mobilisé un grand nombre de réservistes et a une nouvelle fois adressé des ordres de déplacement de masse aux résident·e·s de la ville.Des secteurs entiers de la ville de Gaza ont été déclarés « zones interdites ».
« Israël continue son assaut cruel et meurtrier contre la ville de Gaza en affichant un mépris absolu pour les civil·e·s palestiniens tandis que sévit une famine qu’il a lui-même provoquée, tout en défiant les appels répétés d’organisations humanitaires et de défense des droits humains, de représentant·e·s des Nations unies et de dirigeant·e·s mondiaux demandant la fin des attaques. Israël révèle ainsi sa détermination terrifiante à poursuivre son génocide contre les Palestinien·ne·s de Gaza », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice générale de la recherche, du plaidoyer, des politiques et des campagnes à Amnistie internationale.
« L’assaut mené par Israël contre la ville de Gaza établira son occupation illégale et déplacera de force encore une fois des centaines de milliers de civil·e·s palestiniens, causant davantage de morts et de destructions. Le déplacement forcé de Palestinien·ne·s à l’intérieur ou à l’extérieur de la bande de Gaza constituerait une violation du droit international humanitaire et un crime de guerre d’expulsion ou de transfert illégaux. L’opération pourrait par ailleurs mettre en danger la vie des otages israéliens et compromettre leurs chances de retourner sains et saufs auprès de leurs proches. »
Plus tôt dans la journée, le Hamas a diffusé une vidéo montrant deux otages israéliens, Guy Gilboa-Dalal et Alon Ohel. Dans cette vidéo, on entend Guy Gilboa-Dalal déclarer qu’il se trouve dans la ville de Gaza et qu’au moins huit autres otages sont à proximité. Amnistie internationale réitère son appel en faveur de la libération immédiate de tous les otages civils, et demande au Hamas de cesser de leur infliger des traitements dégradants et humiliants.
Selon le Comité international de la Croix-Rouge, il est impossible, dans les conditions actuelles, de procéder à une évacuation de masse de la ville de Gaza qui soit conforme au droit international humanitaire. La majorité des Palestinien·ne·s déplacés ont déjà été forcés à fuir à plusieurs reprises et vivent dans des camps de fortune insalubres et surpeuplés, privés de l’essentiel. Beaucoup n’ont pas d’endroit sûr où se réfugier ou ne sont pas en mesure de partir, parce qu’ils souffrent de malnutrition, sont malades, blessés ou handicapés.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, au 27 août, plus de 86 % de la bande de Gaza se trouvait dans la zone désignée comme militarisée par Israël ou faisait l’objet d’ordres d’évacuation. Le dernier ordre d’évacuation pour la ville de Gaza, datant du 26 août, concerne plus de 200 000 personnes. L’armée israélienne a ordonné aux habitant·e·s de se rendre dans la région d’al Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza, mais cette zone a depuis lors été attaquée par les forces israéliennes, et les Nations unies ont indiqué qu’elle n’était pas adaptée pour l’accueil de personnes, notamment en raison de la pénurie d’eau, de la surpopulation dans les tentes et du manque d’accès aux soins médicaux dû à la destruction du secteur de la santé à Gaza.
« Encore et encore, le monde reste spectateur tandis qu’Israël continue à bafouer les principes d’humanité les plus fondamentaux. Les États ne doivent pas rester passifs pendant qu’Israël poursuit son projet visant de manière éhontée à anéantir et à prendre le contrôle total de la ville de Gaza, provoquant ainsi plus de carnages, de destructions, de déplacements et de souffrances parmi les civil·e·s palestiniens », a déclaré Erika Guevara Rosas.
« Les États membres de l’ONU qui se réuniront à l’Assemblée générale à New York dans quelques jours doivent prendre des mesures concrètes pour mettre fin au génocide perpétré par Israël et faire clairement comprendre que ses politiques inhumaines ne seront plus tolérées. Israël doit immédiatement cesser son opération dans la ville de Gaza, lever son blocus illégal et permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire dans et à travers la bande de Gaza.
« La publication d’un plan d’après-guerre semble-t-il soutenu par les États-Unis, qui prévoit le déplacement forcé de toute la population de Gaza, souligne la nécessité urgente pour les États d’honorer les obligations qui leur sont faites, en vertu du droit, d’empêcher de nouvelles violations graves des Conventions de Genève. »