Israël et Territoire palestinien occupé. Le rapport de l’ONU concluant qu’Israël commet un génocide à Gaza doit déclencher une action internationale

En réaction à un rapport présenté mardi 16 septembre lors de la 60e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies par la Commission internationale indépendante chargée d’enquêter dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël, qui conclut que les autorités et les forces israéliennes ont commis et continuent de commettre un génocide dans la bande de Gaza, la secrétaire générale d’Amnistie internationale, Agnès Callamard, a déclaré :
« Au moment où les autorités et les forces israéliennes intensifient leur violente campagne d’anéantissement, notamment dans la ville de Gaza, le rapport accablant de la Commission d’enquête des Nations unies confirme une nouvelle fois ce qu’Amnistie internationale et d’autres entités ont conclu depuis plusieurs mois : les autorités israéliennes et les forces israéliennes ont commis et continuent de commettre un génocide contre la population palestinienne à Gaza.
« Faisant suite à son rapport précédent, le dernier rapport de la Commission d’enquête conclut qu’il existe des motifs raisonnables de croire que les forces et les autorités israéliennes ont commis quatre des cinq actes interdits au titre de la Convention sur le génocide, à savoir : le meurtre de membres du groupe ciblé, les atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de ses membres, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence visant à entraîner sa destruction physique totale ou partielle et l’imposition de mesures destinées à entraver les naissances. Surtout, ce rapport conclut également que les autorités et les forces israéliennes ont eu et continuent d’avoir l’intention génocidaire de détruire, en totalité ou en partie, la population palestinienne dans la bande de Gaza. Des déclarations de responsables israéliens constituent des preuves directes d’intention génocidaire, et les pratiques systématiques des forces israéliennes sont des preuves indirectes que l’intention génocidaire est la seule conclusion raisonnable qui peut être tirée de l’ensemble des éléments disponibles.
« La Commission d’enquête rejoint un nombre croissant d’organes et d’expert·e·s internationaux de défense des droits humains en concluant qu’Israël est en train de commettre un génocide à Gaza.
« Il n’y a plus de temps pour les excuses : alors que les preuves du génocide s’accumulent, la communauté internationale ne peut plus dire qu’elle ne savait pas. Ce rapport doit inciter les États à prendre immédiatement des mesures et à respecter leur obligation légale et morale de faire cesser le génocide commis par Israël. La communauté internationale, en particulier les États ayant une influence sur Israël, doivent exercer toutes les pressions diplomatiques, économiques et politiques possibles pour obtenir un cessez-le-feu immédiat et durable ainsi qu’un accès sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza. Les conclusions de ce rapport doivent pousser tous les États à arrêter tous les transferts d’armes et d’équipements de sécurité en direction d’Israël et à réévaluer leurs liens commerciaux avec ce pays, afin de s’assurer de ne pas contribuer au génocide qu’il commet à Gaza, à l’apartheid, à d’autres crimes de guerre ou crimes contre l’humanité, ou à l’occupation illégale du Territoire palestinien occupé.
« Face à l’intensification de la violente campagne de destruction et de déplacement menée par Israël, notamment dans la ville de Gaza, y compris par le déplacement forcé en masse de ses habitant·e·s et l’effacement de son patrimoine millénaire, les enjeux n’ont jamais été aussi grands. L’existence même du peuple palestinien à Gaza est menacée. Le nombre de morts et l’ampleur des destructions sont déjà catastrophiques, mais nous arrivons à un moment critique où les États disposent des outils pour empêcher que d’autres crimes ne soient commis. Ils doivent montrer qu’ils ont également la volonté de le faire.
« Le rapport de la Commission d’enquête de l’ONU alerte par ailleurs la communauté internationale sur sa vive inquiétude liée au fait que l’intention de détruire la population palestinienne dans son ensemble s’est étendue au reste du Territoire palestinien occupé, c’est-à-dire à la Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
« Amnistie internationale appelle tous les États, à commencer par ceux qui ont soutenu Israël ces deux dernières années, à changer de trajectoire, à écouter les conclusions successives rendues par des expert·e·s et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger la population palestinienne, arrêter le génocide en cours à Gaza et empêcher son extension dans le reste du Territoire palestinien occupé. »