• 25 Mar 2025
  • International
  • Communiqué de presse

Sommet sur l’Ukraine. Les dirigeant·e·s mondiaux doivent s’unir pour résister à toutes les tentatives d’affaiblissement de l’ordre juridique mondial, en Ukraine et ailleurs

En prévision du sommet d’une coalition d’États prévu à Paris jeudi 27 mars 2025, lors duquel les dirigeant·e·s européens, ainsi que ceux de l’Australie, du Canada, de la Corée du Sud, du Japon, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie, vont discuter de l’aide à l’Ukraine et de la défense contre l’agression russe, la secrétaire générale d’Amnistie internationale, Agnès Callamard, a déclaré :

« À l’heure où les dirigeant·e·s européens et d’autres pays se réunissent pour affirmer leur détermination à défendre l’Ukraine contre la guerre d’agression menée par la Russie, Amnistie internationale les appelle à donner la priorité à la justice pour l’Ukraine et à centrer leurs propositions sur la protection des droits humains de toutes et tous. 

« La Russie a commis toutes sortes de crimes de guerre et de violations du droit international humanitaire en Ukraine. Elle a notamment mené délibérément des frappes aériennes meurtrières contre des personnes et des infrastructures civiles, soumis à la torture et à des disparitions forcées des civil·e·s ukrainiens détenus et des prisonniers et prisonnières de guerre, et exécuté ou tué de toute autre manière des personnes qu’elle tenait captives. Elle a aussi supervisé le transfert forcé d’enfants en Russie, réprimé les identités non russes et mené une campagne de harcèlement et d’intimidation pour obliger la population à obéir aux autorités russes en Crimée et dans les autres territoires occupés par la Russie.

« Nous appelons les dirigeant·e·s réunis lors de ce sommet à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à ces crimes haineux, protéger la population ukrainienne et faire respecter ses droits à la justice, à l’obligation de rendre des comptes et à des réparations. Nous leur demandons de veiller à ce que les personnes les plus touchées par la guerre d’agression de la Russie puissent se faire entendre et voient leurs besoins satisfaits.

« Comme le montrent quotidiennement les Ukrainien·ne·s et de nombreuses autres personnes prises dans des conflits à travers le monde, la justice et la liberté face à l’oppression passent par une résistance qui protège les droits humains, les valeurs communes et une vision claire d’un avenir meilleur et plus juste. 

« La coalition constituée par les États européens et d’autres pays doit reconnaître que son soutien à l’Ukraine est ancré dans une vision plus large : une vision qui veut la liberté et la sécurité pour les Ukrainien·ne·s et tous les habitant·e·s de la planète ; une vision fondée sur les promesses de la Charte des Nations unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Les dirigeant·e·s d’aujourd’hui doivent défendre fermement ces normes, sans crainte ni favoritisme.

« Dans le cas présent, ce sont les autorités russes et Vladimir Poutine qui sont les agresseurs. Or, de nombreux dirigeant·e·s mondiaux, de Benjamin Netanyahou à Donald Trump en passant, entre autres, par Xi Jinping et Nayib Bukele, s’attaquent activement à l’état de droit international. Nous assistons avec une vive préoccupation à l’arrivée au pouvoir de dirigeant·e·s de plus en plus autoritaires partout dans le monde – et beaucoup d’entre eux trouvent confortables le mépris partagé des présidents Vladimir Poutine et Donald Trump pour le droit international et leur propension commune à sacrifier la justice et les droits des victimes. 

« Les dirigeant·e·s européens en particulier doivent être vigilants face à cette tendance inquiétante. Ils doivent rejeter le deux poids, deux mesures qui est devenu la marque de fabrique des politiques internationales de l’Europe, comme en témoigne malheureusement son incapacité à protéger la population de Gaza du génocide israélien. En renonçant à faire appliquer le droit international à certains endroits, les dirigeant·e·s européens contribuent à l’affaiblir partout.

« L’Europe doit au contraire bâtir une coalition internationale différente, plus large et bien plus forte, qui soit capable non seulement de résister aux ambitions belliqueuses de la Russie, mais aussi de protéger les droits humains ainsi que l’ordre juridique multilatéral et international. Pour soutenir l’Ukraine, elle doit absolument appliquer à tous les gouvernements les mêmes normes qu’à la Russie. Elle doit aussi faire respecter l’embargo sur les armes à destination du Soudan et corriger sa politique dans toutes les situations où il y a deux poids, de mesures. Persister dans une approche sélective et incohérente du droit international privera les dirigeant·e·s européens de toute crédibilité internationale. »