Israël/ TPO. Lors de la conférence de l’ONU, la priorité doit porter sur la fin du génocide, de l’occupation illégale et de l’apartheid imputables à Israël

La conférence de haut niveau des Nations unies qui se tiendra la semaine prochaine pour discuter d'un règlement pacifique de la question palestinienne et de la mise en œuvre de la solution à deux États doit privilégier l'application immédiate et efficace du droit international, notamment les obligations des États de prévenir et de sanctionner le génocide et l'apartheid et de mettre fin à l'occupation illégale du territoire palestinien par Israël, écrit Amnistie internationale dans un une synthèse de plaidoyer publiée le 24 juillet 2025.
Cette synthèse expose une série de recommandations destinées aux États afin qu'ils prennent des mesures significatives et fassent pression sur Israël pour qu'il mette fin au génocide contre les Palestinien·ne·s à Gaza, lève le blocus humanitaire inhumain et mette un terme à l’occupation illégale du territoire palestinien et au système d'apartheid imposé à tous les Palestiniens dont il contrôle les droits.
« Si les ministres réunis à New York la semaine prochaine sont déterminés à instaurer une paix et une sécurité justes, globales et durables pour les populations israélienne et palestinienne, ils doivent en toute priorité prendre des mesures concrètes pour mettre fin au génocide dont sont victimes les Palestiniens à Gaza et à l’occupation militaire illégale du territoire palestinien, qui alimente des violations massives des droits humains et permet et renforce le système d'apartheid mis en place par Israël », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie internationale.
La crise catastrophique provoquée par Israël à Gaza est insupportable, et les États doivent agir en urgence et avec fermeté. Les déclarations, les condamnations et les mesures limitées ne suffisent pas pour protéger les civils et faire respecter le droit international humanitaire.
« Les États doivent lancer une action sincère et d’envergure : avant toute chose, ils doivent exiger un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi que la levée du blocus illégal imposé par Israël. Sans ces mesures fondamentales et urgentes, tout processus visant à définir l'avenir des Palestinien·ne·s ne sera pas crédible. Comment pourrait-il être perçu comme sérieux s’ils sont quotidiennement massacrés, affamés et déplacés de force vers des poches de territoire toujours plus réduites ? »
Entre autres recommandations, Amnistie internationale appelle d’urgence les États à :
- exiger un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza, garantir l’accès total et sans entrave à toutes les zones de Gaza et rejeter catégoriquement le programme de distribution de l'aide humanitaire contrôlé par l'armée israélienne et non neutre. Il faut rétablir sans délai une réponse humanitaire fondée sur des principes et dirigée par l'ONU, et prolonger et renforcer le financement des organisations humanitaires impartiales.
- mettre fin à tout commerce ou transfert contribuant ou étant lié au génocide, à l'apartheid ou à l'occupation illégale : il s’agit en premier lieu d'interdire les transferts d'armes et d'équipements de surveillance, ainsi que l’assistance militaire à Israël. Les États doivent mettre fin aux accords commerciaux préférentiels et aux accords de coopération avec Israël, y compris l'accord commercial entre l'UE et Israël.
- adopter des sanctions ciblées à l'encontre des responsables israéliens les plus impliqués dans des crimes internationaux, et coopérer avec la Cour pénale internationale, notamment en mettant en application ses mandats d’arrêt.
- s'engager à reconstruire la bande de Gaza et à réinsérer sa population tout en s'opposant aux déplacements forcés de Palestiniens à l'intérieur ou à l'extérieur de Gaza.
- mettre en place des mécanismes de réparation et de réhabilitation des Palestiniens, financés principalement par Israël.
En outre, Amnistie internationale appelle les entreprises à refuser toute implication ou tout lien direct avec les actions illégales d'Israël. Elles doivent veiller à ne pas contribuer elles-mêmes à de graves violations des droits humains.
Par ailleurs, elle appelle la société civile et les citoyen·ne·s à continuer de se mobiliser et de faire campagne pour exiger que les États respectent leurs obligations juridiques en vertu du droit international, dénoncer les entreprises, banques et autres acteurs économiques qui contribuent ou sont directement liés à des violations du droit international imputables à Israël, et exiger qu'ils cessent ces pratiques.
« Les États doivent se positionner clairement : Israël n'est pas au-dessus des lois et l’obligation de rendre des comptes est une priorité. Ils doivent saisir l'occasion que représente cette conférence pour en finir avec leur soutien actif ou tacite aux violations commises par Israël ou leur inertie volontaire. La conférence doit aboutir à un engagement clair de tous les États, en vue de suspendre toute activité économique qui contribue ou est directement liée à l'occupation illégale, au système d'apartheid ou au génocide contre les Palestiniens à Gaza, a déclaré Agnès Callamard.
« La survie des Palestiniens est en jeu et il n'y a pas de temps à perdre avec de fausses promesses ou des platitudes. Alors que les gens continuent de descendre dans la rue pour réclamer une action mondiale et que de plus en plus d'États reconnaissent le génocide perpétré par Israël pour ce qu'il est, une rencontre de façade et vide de sens serait tout aussi insensible qu’inadmissible. Pour que cette Conférence ne se résume pas à une simple mascarade, les États doivent entendre nos demandes - et passer de la parole aux actes, en s’appuyant sur le droit international et la protection des droits humains. »
Coprésidée par la France et l'Arabie saoudite, la Conférence internationale de haut niveau pour un règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États se tiendra à New York les 28 et 29 juillet 2025. Agnès Callamard et des porte-parole d'Amnistie internationale seront disponibles pour des interviews.