• 1 Sep 2025
  • Indonésie
  • Communiqué de presse

Indonésie. Il faut que les autorités enquêtent sur huit décès survenus dans le cadre de la violente répression des manifestations

Réagissant à l’annonce du gouvernement indonésien indiquant qu’au moins huit personnes ont été tuées depuis le début des manifestations qui ont lieu depuis le 25 août à l’échelle nationale pour protester contre les bas salaires, les hausses d’impôts et la rémunération des législateurs, la directrice régionale pour la recherche à Amnistie internationale, Montse Ferrer, a déclaré :

« Le nombre croissant de décès dus à la répression des manifestations à Jakarta et dans d’autres régions du pays est alarmant. Personne ne devrait perdre la vie en exerçant son droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique. 

« Les autorités indonésiennes doivent rapidement garantir la tenue d’une enquête indépendante et impartiale sur ces décès et ces violences, notamment sur la mort d’un chauffeur de mototaxi survenue après qu’un véhicule blindé de la police a été conduit de manière imprudente dans une zone très fréquentée. Les autorités doivent veiller à ce que les responsables de ces décès soient identifiés et amenés à rendre des comptes dans le cadre de procès équitables.

« Malgré le caractère largement pacifique de ces manifestations, la police dans plusieurs villes d’Indonésie, notamment à Jakarta, a recouru à plusieurs reprises à une force inutile et excessive, y compris en utilisant de manière inappropriée et excessive des gaz lacrymogènes pour réprimer les mouvements de protestation.

« Il est déplorable que le chef de la police nationale ait donné l’ordre aux policiers d’utiliser des balles en caoutchouc contre les manifestant·e·s qui avaient pénétré dans l’enceinte du quartier général de la brigade mobile de la police de Jakarta. Ces armes ne devraient être utilisées que dans des circonstances exceptionnelles, telles que des situations de troubles violents avec un danger imminent de préjudice grave pour autrui.  De plus, elles ne devraient être utilisées que par des agents dûment formés et ne doivent pas être utilisées pour tirer au hasard sur la foule, mais doivent être dirigées exclusivement contre les personnes qui commettent des actes de violence contre d’autres personnes, et uniquement lorsque les autres moyens n’ont pas permis de mettre fin à la violence.

« En outre, le gouvernement indonésien ne doit pas utiliser les incidents isolés de violences commises par certains protestataires comme prétexte pour intensifier la répression des manifestations pacifiques. Au lieu de recourir à une répression brutale, les autorités devraient respecter, faciliter et protéger le droit des personnes de se réunir pacifiquement et d’exprimer librement leurs opinions. »

Complément d’information 

Les plus grandes manifestations que l’Indonésie ait connues depuis des années ont débuté le 25 août 2025, entraînant une violente répression dans tout le pays.

À Jakarta, le 28 août, un chauffeur de mototaxi est mort après avoir été renversé par un véhicule blindé de la police conduit de manière imprudente à proximité de la foule. Sept policiers font actuellement l’objet d’une enquête. Le lendemain, trois fonctionnaires et un membre de l’unité de la police civile de la ville de Makassar, dans la province de Sulawesi-Sud, ont été tués dans l’incendie, provoqué par des individus non identifiés, d’un bâtiment du Parlement local, à la suite d’affrontements avec la police. Le 29 août, à Makassar, un chauffeur de mototaxi a été tué par une foule qui l’accusait d’être un agent des services de renseignement de la police.

Toujours le 29 août, dans la ville de Solo, dans la province de Java-Centre, un conducteur de vélotaxi est décédé après avoir semble-t-il été exposé aux gaz lacrymogènes tirés par la police lors d’affrontements avec des manifestant·e·s.  

Le 30 août, dans la ville de Yogyakarta, dans la province de Yogyakarta, un étudiant est décédé après avoir été battu, semble-t-il, par des policiers qui tiraient également des gaz lacrymogènes sur des manifestant·e·s près du quartier général de la police.