• 11 Juil 2025
  • Grèce
  • Communiqué de presse

Grèce. Les nouvelles propositions en matière d’asile et de retour bafouent de manière flagrante le droit international et sanctionnent les personnes en quête de protection

Réagissant à l’information selon laquelle le Parlement grec a voté en faveur de la suspension de l’enregistrement des demandes d’asile déposées par les personnes arrivant par bateau depuis l’Afrique du Nord pendant trois mois, et de leur renvoi vers leur pays d’origine, Adriana Tidona, spécialiste des migrations à Amnistie internationale, a déclaré :

« Ces propositions honteuses enfreignent de manière flagrante le droit international, n’amélioreront en rien les conditions de vie des réfugié·e·s et des migrant·e·s qui se trouvent déjà en Crète et à Gavdos, et ne serviront qu’à punir les personnes en quête de protection. Priver une personne du droit de demander l’asile en raison de la manière dont elle est arrivée est discriminatoire et viole les principes fondamentaux de la protection des personnes réfugiées. Le droit international interdit strictement de renvoyer des personnes sans avoir au préalable évalué leur situation. Le gouvernement grec doit immédiatement revenir sur sa décision. 

« Les autorités grecques ont également annoncé leur intention de créer un centre de détention en Crète et d’y placer les personnes entrant sur le territoire de manière irrégulière. Si elle est mise en œuvre, cette proposition risque de conduire à des situations de détention automatique et donc arbitraire des migrant·e·s, en violation du droit de l’UE et du droit international.

« En tant que garante du droit de l’UE, la Commission européenne doit exiger en urgence l’annulation de ces mesures et déclencher des procédures d’infraction si nécessaire. Si les institutions européennes ne condamnent pas rapidement et fermement ces mesures, elles saperont non seulement les principes fondamentaux du droit européen et international, mais aussi les efforts déployés pour mettre en place un Régime d’asile européen commun. »

Complément d’information

Le 11 juillet, le Parlement grec s’est prononcé en faveur de cet amendement. Ce vote fait suite à une récente mission de l’UE en Libye portant sur la coopération en matière de migration. La délégation s’est vu refuser l’entrée dans l’est de la Libye, a été déclarée persona non grata et a reçu l’ordre de quitter le pays.

Depuis le début de l’année 2025, la Crète et l’île de Gavdos ont enregistré un nombre croissant d’arrivées en provenance de la Libye. Un rapport d’ONG rendu public le 7 juillet a souligné l’absence de dispositif de premier accueil et d’hébergement en Crète. 

En 2020, la Grèce a adopté des mesures similaires en réponse à l’augmentation des arrivées aux frontières avec la Turquie, en suspendant l’asile et en proposant le renvoi des personnes franchissant la frontière. À l’époque, Amnistie internationale avait signalé des renvois forcés illégaux, des passages à tabac, ainsi que des détentions arbitraires, et même des homicides et des blessures dus à l’utilisation de balles réelles. Ce scénario ne doit pas se reproduire.

Dans son discours au Parlement le 10 juillet, le Premier ministre grec a également annoncé l’intention de son pays de coopérer avec les autorités libyennes pour mettre fin aux flux migratoires vers la Grèce. Comme l’a souligné Amnistie internationale, le soutien continu de l’UE aux autorités libyennes dans le but d’empêcher les départs a conduit à l’interception de dizaines de milliers de personnes en mer et à leur renvoi forcé vers des centres de détention en Libye.