• 24 nov 2025
  • Allemagne
  • Communiqué de presse

Allemagne. La reprise des transferts d’armes à Israël est irresponsable, illégale et risque de rendre l’Allemagne complice de crimes internationaux

En réaction à la décision du gouvernement allemand de lever à partir du 24 novembre la suspension de la délivrance de certaines licences d’exportation d’armes à destination d’Israël pour une utilisation dans la bande de Gaza, Erika Guevara-Rosas, directrice générale de la recherche, du plaidoyer, des politiques et des campagnes à Amnistie internationale, a déclaré : 

« La décision de l’Allemagne de lever sa suspension partielle des livraisons d’armes à Israël est irresponsable, illégale et adresse le message le plus mauvais qui soit aux autorités israéliennes : qu’elles peuvent continuer de commettre un génocide, des crimes de guerre et un apartheid à l’encontre des Palestinien·ne·s et d’occuper illégalement la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, ainsi que Gaza sans craindre de conséquences. 

« L’Allemagne est l’un des principaux fournisseurs d’armes d’Israël. La suspension partielle et très tardive des transferts d’armes par le gouvernement allemand faisait partie des rares formes de réelle pression exercée par la communauté internationale face au génocide commis par Israël contre les Palestinien·ne·s à Gaza. 

« Ce n’est absolument pas le moment de relâcher cette pression. Au contraire, c’est maintenant qu’il faut veiller à ce qu’Israël mette fin à ses violations du droit international, notamment à son occupation illégale, comme l’a indiqué la Cour internationale de justice en juillet 2024 et comme l’a confirmé l’Assemblée générale des Nations unies. Malheureusement, par cette initiative, l’Allemagne emprunte une voie dangereuse à laquelle elle doit immédiatement renoncer et qui ne doit pas être suivie par d’autres États. 

« Alors qu’Israël continue d’attaquer des Palestinien·ne·s à Gaza et de restreindre l’aide humanitaire et la fourniture de biens et services essentiels à une population dont la majorité est encore déplacée et sans hébergement adéquat, il est extrêmement malhonnête de la part de l’Allemagne d’invoquer le “cessez-le-feu” et la “stabilisation” à Gaza pour justifier sa décision de reprendre les exportations d’armes. 

« Amnistie internationale demande depuis longtemps l’instauration d’un embargo total sur les armes à destination d’Israël, du Hamas et des autres groupes armés qui prennent part aux activités militaires à Gaza. Les États doivent être à la hauteur de leur obligation légale de garantir le respect du droit international humanitaire. L’Allemagne et les autres États parties doivent respecter les obligations qui leur incombent en vertu du Traité sur le commerce des armes. Tous les États sont en outre tenus d’empêcher et de sanctionner les faits de génocide, de s’abstenir de contribuer à un génocide et d’agir pour y mettre fin. Les gouvernements qui continuent de fournir des armes à Israël ne respectent pas leurs obligations légales internationales. » 

Complément d’information 

Le 8 août 2025, le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé un embargo partiel sur les armes suspendant la délivrance de licences d’exportations d’armes à destination d’Israël pour une utilisation dans la bande de Gaza « jusqu’à nouvel ordre ». 

Cette annonce a fait suite à la décision du cabinet de sécurité d’Israël approuvant le projet du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, de « prendre le contrôle » de la ville de Gaza, où près d’un million de Palestinien·ne·s tentaient alors et tentent toujours de survivre dans des conditions inhumaines.  

Le 24 novembre, l’Allemagne a mis fin à cette suspension partielle des transferts d’armes, en indiquant qu’elle reviendrait à « un examen au cas par cas des exportations d’armes » à destination d’Israël pour une utilisation dans la bande de Gaza occupée. 

L’Allemagne est le deuxième fournisseur d’armes d’Israël, après les États-Unis. D’après le gouvernement allemand, celui-ci a délivré des licences d’exportation d’armement d’une valeur totale de plus 485 millions d’euros entre le 7 octobre 2023 et le 13 mai 2025, notamment pour des armes antichars et des boîtes de vitesses destinées à des chars Merkava utilisés à Gaza.