Turquie. Il faut lever l’interdiction illégale des célébrations du 1er mai à Istanbul
Les autorités turques doivent lever d’urgence l’interdiction de la manifestation de solidarité prévue le Premier mai sur la place Taksim à Istanbul et permettre aux gens de se rassembler conformément à la récente décision de la Cour constitutionnelle turque, a déclaré Amnistie internationale.
Les syndicats, les partis d’opposition et les organisations de la société civile ont promis de se rassembler sur la place Taksim, malgré l’interdiction annoncée par le gouverneur le 23 avril et par le ministre de l’Intérieur le 29 avril.
« L’interdiction imposée aux célébrations du 1er mai s’appuie sur des motifs de sécurité et d’ordre public totalement fallacieux et va à l’encontre de la récente décision de la Cour constitutionnelle. Cette interdiction doit être levée sans délai, a déclaré Dinushika Dissanayake, directrice régionale adjointe pour l’Europe à Amnistie internationale.
« La place Taksim revêt une signification symbolique très forte et est depuis longtemps un endroit où les gens se rassemblent pour manifester et célébrer. Depuis plus de 10 ans, les autorités turques restreignent illégalement le droit de réunion et criminalisent les manifestations pacifiques qui se déroulent sur cette place. Aussi est-il essentiel que cette année, les célébrations du 1er mai puissent avoir lieu. »
L’interdiction des rassemblements du Premier mai place Taksim remonte à 2013 lorsqu’à plusieurs reprises, la police a empêché avec violence les syndicats, leurs sympathisants et d’autres organisations de se rassembler.
En octobre 2023, la Cour constitutionnelle turque a statué que le droit de réunion pacifique de la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DİSK) avait été bafoué, lors des célébrations du 1er mai place Taksim en 2014 et 2015, par les interdictions et les dispersions énergiques des manifestant·e·s par les forces de l’ordre.
« Les autorités doivent respecter l’arrêt contraignant de la Cour constitutionnelle. Les restrictions infondées imposées depuis une décennie aux rassemblements pacifiques sur la place Taksim doivent être enfin levées, a déclaré Dinushika Dissanayake.
« Les autorités turques, y compris les forces de l’ordre, doivent veiller à s’acquitter de leur obligation s’agissant de permettre la tenue de rassemblements pacifiques. Elles doivent aussi prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger l’exercice de leurs droits par les participant·e·s. »
Complément d’information
Le 23 avril 2024, le gouverneur d’Istanbul Davut Gül a déclaré que les syndicats ne seraient pas autorisés à se rassembler sur la place Taksim. Le 29 avril, le ministre de l’Intérieur a ajouté que cette place n’était pas adaptée aux rassemblements et que les manifestations du 1er mai ne seraient pas autorisées à avoir lieu. Ils affirment que la localisation de Taksim et la forte circulation rendraient difficile la protection des droits et des libertés et évoquent également des risques d’« attentats terroristes ».
En 2009, le gouvernement a déclaré le 1er mai jour férié officiel et, pour la première fois en 32 ans, des travailleurs et leurs organisations ont pu se réunir pacifiquement sur la place Taksim. La zone a de nouveau été fermée aux manifestations en 2013, soi-disant pour des raisons de sécurité.
En 2023, la Cour constitutionnelle a statué que le fait d’empêcher les célébrations du 1er mai place Taksim constituait une violation du droit constitutionnel d’organiser des réunions et des manifestations publiques, que garantit l’article 34 de la Constitution.